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Grand Trail des Templiers 2021

Grand Trail des Templiers 2021

Préambule

Après un an d’attente dû à l’annulation de l’édition précédente me voilà à Millau pour participer au Grand Trail des Templiers en bonne compagnie, et oui Emeline participe également au Festival sur le Marathon des Causses. Je crois que j’étais plus stressé pour elle que pour moi.

Sac Templiers Mathieu

Ma prépa pour les Templiers a été compliqué, après ma participation en Août sur le 160 du GRP, je n’avais plus du tout envie de me faire mal.
J’ai enchaîner séance de VMA, de seuil, et seulement 2 sorties D+ aux Alouettes.
Le mois de Septembre c’est bien passé par contre depuis début Octobre, je n’ai plus de jus et je suis très fatigué.
C’est le contre coup du GRP c’est sûr.

A J-3 du départ, je ne suis pas toujours pas motivé, je n’ai pas ce petit bouillonnement habituel en moi, bref pas impatient le garçon.
Petit tour chez l’ostéo avant de partir car depuis début Août j’ai toujours mal en bas du ventre jusqu’à l’adducteur droit, et là, surprise a priori c’est une pubalgie ! Bon je me dis que mon corps a tenu au GRP sur 2 jours de course, il doit donc être encore capable de la faire sur une journée.

Nous partons donc à Millau avec Emeline. La route est toujours aussi galère, durant celle-ci je pense aux potes du RAPV qui sont sur l’Endurance Trail.
Nous les rejoindrons en fin de journée, pour voir les arrivées de Jonathan et Dany, après avoir récupérer les dossards.
La motivation est enfin là, ouf il était temps !
Et bien entendu, on ne change pas le rituel d’avant course, 1 bière 🍻, 2…, 3ème avec Dany, 4ème toujours avec Dany 😂, stop allez Mathieu il faut se calmer tu as une course dans 24h.
Bravo aux copains pour leurs performances, énorme. Nous voilà au samedi matin, le temps est à la fête avec un beau soleil pour la course d’Emeline. Je suis bien stressé pour elle, j’essaie de ne pas lui montrer car je vois que ça la travaille aussi !!
Mais tout cela pour rien, une nouvelle fois ma chérie va me surprendre, superwoman, elle a fait une course parfaite, a géré comme il fallait et surtout je vois sur son visage qu’elle a kiffé et ça c’est génial.
Temps canon 06h00 pour avaler les 35,2 kms de ce Marathon des Causses et ses 1580m de D+. Trop fier d’elle 😍.

Le Départ

Réveil à 03h15, je prends le p’tit déj avec une des plus grosses machines du RAPV, Monsieur Louis SORIN, le gars m’impressionne par sa sérénité !
Depuis 2 jours à ses côtés, je me suis bien marré 🤣. La veille, je décide de partir au départ avec lui et 2 de ses connaissances (Etienne et Grégory).
Je suis en principe dans le sas 3 comme eux, mais je me laisse vite convaincre d’essayer de passer dans le sas 1 afin de ne pas bouchonner sur le parcours ! Nous parlons de nos estimations, et pour une fois je n‘en ai pas faite, je souhaite courir au feeling afin de ne pas rééditer mes erreurs du GRP et d’être déçu de moi, donc je verrai à mes sensations.
Nous réussissons finalement et nous voilà devant la ligne de départ, je suis gelé 🥶, je décide malgré tout de partir sans ma veste mais avec mes gants.
Le décompte résonne, 3-2-1-go la musique d’Era retentit, fumigènes allumés c’est parti pour 82 km.

Les 3 premiers km passent rapidement, nous partons prudemment avec Grégory 10-11 km/h jusqu’au début de la 1ère montée, j’ai déjà les mollets en feu, je ne suis pas inquiet car cela m’arrive toujours !
Je rentre dans ma bulle, nous passons P8 le 1er point de contrôle en 53’ ! Pause pipi et je perds de vue Grégory.
Je suis déjà fatigué, j’ai froid mais ce qui m’inquiète vraiment c’est que je n’ai pas de jus ! Je décide malgré tout de caler mon allure à 10km/h sur les parties roulantes, pour avancer un maximum, et tanpis si je dois péter. Les km défilent, le jour commence à se lever, nous nous rapprochons de Peyreleau où mes yeux pétillent sous les paysages magnifiques. Je me revois au même endroit en 2016 en train de râler car cela bouchonnait, mais là nickel je courre jusqu’au 1er ravito en eau.

1er ravito : PEYRELEAU – 21,5 km – 02h20 de course

Je décide de ne pas m’arrêter car je n’ai presque rien bu durant la 1ère section, en partant du ravito je double énormément de coureurs et d’un coup j’entends une voix que je connais, je m’arrête et me retourne. Un gars me dit « tu as perdu quelque chose ? Je réponds non » ! cette voix c’était celle de Claude de Koh Lanta, c’est ce qui me semblait et il se met à se marrer quand il voit que je le reconnais.
Petite photo pour mes enfants qui sont fans et je le laisse avec d’autres coureurs. Je ne le savais pas mais je vais passer quasiment toute la journée à ses côtés « à jouer au chat et à la souris » comme il m’a dit car on se doublait mutuellement suivant les tronçons. Je débute la montée qui est raide avec 3 km d’ascension, que je monte sur un bon rythme, les jambes sont très moyennes, la douleur au ventre (pubalgie) se réveille et je commence à avoir de drôles de sensations en bas de la fesse gauche, comme si mon ischio allait lâcher !
Dans les parties roulantes, je gère mon allure toujours sur le même rythme, je profite à fond du paysage en me dirigeant vers le second ravito.

2ème ravito : ST ANDRE DE VEZINES – 34.6 km – 04h06 de course

A ce 2nd ravito, je m’arrête à peine 3’, juste le temps de remplir mes gourdes. Je ne change pas une potion qui marche !!
Un mini sandwich de fromage, des tucs, et un coca et c’est reparti !! Je me dirige vers l’arche de Roquesaltes prochain ravito en eau seulement. Je sais qu’en passant ce pont, une grosse patate m’attend. Je garde toujours le même rythme, je me rassure car même si je n’ai pas de jus, je continue de doubler mes concurrents et surtout je courre dès que le terrain le permet. Cette portion est vraiment sympa finalement, en 2016 je me souviens que je mettais fais mal sur celle-ci et j’avais galéré. En plus, ça discute pas mal avec le groupe de coureurs avec lequel je suis, Claude étant l’attraction, il nous tapait la discute, c’est vraiment un mec bien et je vous assure il n’est pas surhumain car il avait aussi mal aux jambes que nous !
Je me surprends à aimer les descentes et même avec des cailloux comme quoi les Pyrénées m’ont fait grandir. J’avance bien et sans le vouloir je quitte mon groupe de compagnons de route.

3ème ravito : L’ARCHE DE ROQUESALTES – 41.8 km – 05h35 de course

Après cette descente plutôt sympathique, je m’arrête rapidement à ce ravito pour faire le plein en eau sans m’éterniser car j’ai toujours aussi froid même si le soleil est présent ! Je sais ce qui m’attend en passant ce pont je lève les yeux vers le ciel et je regarde les concurrents devant moi qui montent déjà. Je décide de prendre les bâtons que je n’avais pas encore utilisé.

Je monte à une bonne allure mais d’un coup j’ai des bouffées de chaleur, des frissons et je n’avance plus. Le groupe de Claude me rattrape et me laisse sur place. Je comprends rapidement que je suis en hypo, je prends des pompotes, des pâtes de fruits, mais cela ne passe pas.
J’avance comme je peux. Arrivée en haut, cela va un peu mieux, il me reste une partie roulante qui va m’amener à Pierrefiche, je décide de garder mon allure de 10km/h. Je passe le point de contrôle, direction le prochain ravito dans 7 km.

Je passe un coup de fil à Emeline afin de savoir quand je vais la voir pour récupérer des pompotes car je n’ai plus rien sur moi.
Niveau gestion bouffe sur moi je n’ai pas du tout géré. Elle me dit qu’elle m’a loupé de peu au dernier point d’eau, et que je ne la verrais pas avant Mas de Bru dans 16 km. Je prends un gros coup au moral. Inconsciemment, ce fait de course va me booster. Je me mets un coup de pied au cul et je me remets à courir mais un peu plus vite car je sais que cette partie de la course va être très longue.
Je suis surpris, j’avance et même bien, je prends un kiff énorme dans la descente (là où les années précédentes je galérais à marcher). J’en prends une nouvelles fois plein les yeux car le relief est magnifique, c’est énorme j’essaie d’imprimer chaque moment dans un coin de ma tête tellement c’est beau.

4ème ravito : LA SALVAGE – 56.5 km – 07h24 de course

Claude et Mathieu : Templiers 2021
Claude Koh Lanta

Je prends un peu plus de temps à ce ravito, car je suis rincé, je commence à avoir mal en dessous des genoux mais surtout en bas du ventre.
Je me ravitaille : coca, banane, saucisson, fromage, balisto (énorme, les balisto 🤤 une tuerie). Puis je retrouve les mecs avec lesquels je courais, ils sont dans le même état que moi, ce qui me rassure.

Et je repars avec Mr K-L qui amuse la galerie mais qui n’est pas au mieux non plus. Nous alternons montées/descentes sur 8km. Je trouve cette partie longue, j’ai hâte de voir les filles à Mas de Bru. Je marche de plus en plus, les quadris commencent à me faire souffrir, j’ai vraiment connu des jours meilleurs. Je constate rapidement que lorsqu’il faut courir je tiens le rythme des gars avec moi, mais dès que le terrain s’élève je suis largué. Je décroche petit à petit et je me retrouve seul volontairement. Je sais que je suis vraiment plus fort mentalement quand je suis seul. J’avance comme je peux, j’essaie de m’alimenter avec des pâtes de fruit, mais l’énergie ne revient pas. J’avance au ralenti vers le ravito.

5ème ravito : MAS DE BRU – 65.1 km – 08h55 de course

Enfin je rejoins les filles, elles m’annoncent que Louis est arrivé, que Alban est juste derrière et que les gars (Jérém, Guigui et Nico) vont bien, ce qui me rebooste un peu. Je reste très peu de temps, j’ai froid et maintenant j’ai hâte d’arriver.
Je fais ma seconde grosse boulette de la journée, je ne change pas de maillot !! Je le payerais plus loin au Cade.
Je fais le plein de pompotes et pâtes de fruit et je repars en trottinant au ralentis 😂. Je commence à calculer mon heure probable d’arrivée, et du coup je m’aperçois que je vais arriver avant la nuit, je rentre dans une phase d’euphorie vous ne pouvez pas savoir. J’en braillais.
Je me rends compte finalement que même si mes sensations n’étaient pas bonnes, je fais malgré tout une belle course. Dans la descente vers Massebiau, je me force à courir dans ce petit couloir de cailloux comme un fossé sous l’impulsion de bonnes musiques dans les oreilles. Après une belle frayeur, je calme le jeu et je perds quelques places mais je préfère gérer la fin de la descente car mes jambes souffrent à chaque pas.

6ème ravito : MASSEBIAU – 70.6 km – 09h44 de course

Arrivée à Massebiau, je ne m’arrête même pas. Je sais à quoi m’attendre et j’attaque la montée très pentue vers le Cade, je ne le sais pas encore mais dans cette montée je vais me prendre ma 2ème claque de la journée !

Je ne fais que de m’arrêter, mes jambes n’avancent plus, je laisse passer un nombre incalculable de coureurs.
Mon moral est au plus bas. Je décide donc de m’arrêter et de contempler le paysage. Je repense à beaucoup de choses : à toutes les heures d’entraînements, à tous les efforts que j’ai fait pour être là, à ma course du GRP où je n’avais pas été dans cette situation, à Emeline à la course parfaite qu’elle avait fait la veille et surtout à mes enfants (à qui j’avais dit que je ferais mon possible pour battre Claude de K-L).

Une nouvelle fois l’émotion me submerge, je prends mon téléphone et je regarde direct le live pour voir où en est Claude, il est à 7’ devant moi, je me dis que je peux le rattraper, et je poursuis mon ascension. J’arrive au ravito en trottinant sous un vent glacial, je décide donc de mettre le coupe-vent car je suis gelé, et oui j’aurais dû écouter Emeline et changer de maillot.

7ème et dernier ravito : Le Cade 73,8 km – 10h39 de course

Dernier ravitaillement de la journée dans une magnifique ferme voûtée en pierre : chips, fromage, charcuterie et coca au menu et c’est parti pour le grand final qui va s’avérer être une corvée pour moi. Je perds tout espoir de rattraper Claude j’arrive avec 9’ de retard sur lui, je sais que je ne le reverrais pas d’ici l’arrivée, je suis forcément déçu mais je ne peux pas faire plus. Je repars en courant direction le Pouncho.
Sur cette portion de montées et descentes, le panorama est vraiment splendide, quelle chance d’être là même si cette fin de course ressemble plus à de l’escalade qu’à du trail.

Mathieu Bernard Templiers 21

Arrivé en haut direction l’arrivée, avec cette descente compliquée à négocier à cause des cailloux, et des sols glissants, je descends en me freinant avec les arbres. Je me rappelle qu’en 2016, je n’arrêtais pas de gueuler dans cette descente, je suis mort de rire.
Cette fois-ci j’arrive à descendre en trottinant c’est top.

Arrivé à la route, je me retourne et j’aperçois un maillot du RAPV, je m’arrête, c’est François Brianceau le frère de Juju qui a fait une course énorme en partant du sas 3, il m’a mis 30’ dans la vue. Nous discutons rapidement, il est également cuit. Et nous poursuivons la descente.

La musique et la voix du speaker se font entendre, je regarde ma montre, je vais finir cette course en moins de 12h30, je n’en reviens pas.
C’est la 1ère fois en 4 participations que je vais boucler cette course avant la tombée de la nuit, le monde présent c’est incroyable.

Dernier virage, je vois les filles en face de moi en train de crier, j’écoute la musique et non je ne me trompe pas Céline Dion 🤣 clin d’œil aux copains, énorme.

FINISHER en 12h26, 79.53 km pour 3576 m de D+

Un grand merci aux filles qui m’ont suivi toute la course, et plus particulièrement à ma petite femme et mes enfants.
Merci aux personnes qui m’ont suivi et encouragé toute la journée !
Sympa les messages.