Trail des Poilus 2016
Manche du Trail Tour National,
[easingslider id= »728″]
Ci dessous le compte rendu de Thomas :
Trail des Poilus, ou comment rater sa course…
53km annoncés, 54.9 sur ma montre 1750D+ 700 partants
Année particulière pour l’organisation du trail des poilus car c’est le centenaire de la bataille de notre dame de Lorette.
Après avoir fait une dernière sortie de 25 minutes (6x100m) avec de super sensations, c’est remonté à bloc que je suis parti de Vendée le samedi matin, accompagné d’Emma, ma fidèle supportrice. Direction Nantes tout d’abord pour récupérer des covoitureurs à 8h, puis Rennes, Caen et enfin Douai et Lens, où se trouve notre hôtel. Le trajet se fera sans encombre mais non sans une certaine fatigue.
Aussitôt arrivés, je vais récupérer mon dossard dans la salle de la mairie d’Albain Saint Nazaire où je retrouve mon grand frère venu de Belgique pour m’assister mais surtout pour m’encourager ! Une fois les goodies récupérés, nous jetons un coup d’œil à la carte et nous décidons d’aller repérer un peu les lieux des ravitos. De tout ce que j’ai lu avant de venir sur ce trail, c’est la boue qui me fait le plus peur. Cela me donnera donc une idée du terrain. Par chance, depuis une semaine il n’a pas plu, ce sont donc des chemins secs et bien roulants que nous découvrons. Malheureusement pour moi, nous ne sommes restés que sur les grandes allées et j’allais vite me rendre compte le lendemain que la boue était bien là …
Rassuré par ce que je venais de voir, je rehausse bêtement mes objectifs et je crois naïvement que je vais pouvoir dérouler tranquillement sans me soucier de toute cette boue. J’ai toujours en tête de gagner en Espoir. Nous serons 3 dans cette catégorie au départ et je me dis que le top 100 doit être possible. Voila ma première erreur : j’ai oublié que l’on était sur une manche du Trail Tour National. La plupart des coureurs sont locaux et seulement très peu ont fait un déplacement aussi important que moi. Mais il est évident que le niveau sera élevé ! De plus une dizaine de team seront présentes …
Ensuite, direction le centre ville de Lens et la Mie Câline pour m’acheter 3 maxi cookies pour l’arrivée ! Le graal après deux semaines de diète. Puis hôtel et resto où j’ai réussi à commander un plat light tandis que mes deux acolytes se sont régalé d’une fondue et d’une cocotte dans lesquelles le gars coulait à flot. Mais j’ai tenu bon pendant les 2 semaines avec une alimentation saine à base de fruits, légumes viande et poisson. J’ai réussi a perdre 2kg pour arriver à un poids-forme de 68kg. Bref, je me couche sereinement.
Le réveil sonne à 6h, après une nuit agitée … Chose agréable : le départ est à 10h, ça change ! Je déjeune, je m’équipe, on règle les derniers détails et direction le château d’olhain pour le départ. 3-2-1 !! Le départ est donné un peu à la va-vite. Je vois même la première ligne se demander s’il faut bel et bien y aller. Bref à peine parti, je remonte déjà beaucoup de personnes. Je suis parti vite et je ne suis qu’a 2km. Il y a une passerelle annoncée qui peut bouchonner (excuse bidon, je ne sais juste pas me contrôler …). Une fois la passerelle passée (qui n’a pas du tout bouchonnée) nous arrivons dans un marécage : je prends au plus court et j’ai les pieds trempés. Il fait 3C° et je suis tout engourdi, premier signe d’une mauvaise journée ! Je continue, je ralentis un peu et je me cale à 13km/h, je me fais déjà beaucoup doubler. Je continue malgré tout, je sais qu’il reste encore beaucoup à faire. Nous arrivons dans des passages techniques, tout ce que j’aime ! Je rebouche facilement le trou qu’il y avait devant moi. Après un long faux plat, nous arrivons dans un immense cratère (les photos parlent d’elles mêmes) et le cœur est vite monté. On est a 5km, je vois Aurélien et Emma, je suis déjà dans le rouge …
A partir de ce moment-là, je me dis que ça va devenir compliqué. Je suis à 25 minutes de course depuis le départ et seulement 140D+ ! Je me dis qu’en ralentissant, ça va passer. Mais la seule chose qui passe pour le moment ce sont des concurrents qui me depassent, sans que je puisse les suivre. Nous traversons une route où le public s’est donné rendez vous. Cela me remonte le moral et me donne mes premiers frissons. Pendant un instant je me serais cru aux Templiers. Certains passant ont même des cloches de vache ! Je continue et je vois un courreur qui n’a pas trop d’allure, il fait jeune. Je me dis que c’est un espoir alors je décide de l’accorcher pendant 3-4km jusqu’au moment fatidique de la course :
Kilomètre 9.3, une légère descente après avoir tourné sur la gauche, une petite racine, toute petite, et pourtant, je me prend le pied dedans. Je chute, je me cogne le genou droit et je fais une roulade sur le dos. J’entends mon goblet en plastique se briser. Avec la vitesse je ne me suis même pas arrêté. Une fois debout, avec l’elan, je relance. Aucune douleur, seulement des plaies sur le genou. Ce n’est que de la carrosserie, ça ira.
Hélas, les kilomètres passent et je me rends compte que mon genou va me poser problème … Plus le temps passe, plus j’ai l’impression qu’un ématome se forme. Je continue néanmoins, mais je commence à être obligé de marcher dans les côtes : ça sent mauvais pour la suite. Moralement, je suis déjà amoché, j’ai laissé passé l’espoir (qui n’en était pas un finalement) et je me suis fait mal au genou.
Kilomètre 17, nous arrivons sur un parking. Je sais qu’a ce moment là, la forêt d’Ohlain est derrière moi : fini la boue ! Mais je n’ai que 170D+ ! Dans mon plan, j’aurais du dérouler car jusqu’au premier ravito c’est un faux plat descendant. Seulement, ma stratégie ne se déroule pas comme je le veux. J’ai mal au genou, je sens que physiquement je n’y suis plus et je n’arrive plus à relancer.
À ce moment-là, je croise une personne de l’organisation qui me dit que je suis 103e ! Bim ! le moral remonte en flèche et je re rentre dans ma course. Je me dis que je dois finir ce trail étape par étape, la première étant d’arriver au ravito. Mais malgré ce sursaut de motivation, les autres coureurs continuent de me doubler et je ne peux rien faire. Je me dis que j’ai du partir sacrément vite pour être encore autour de la 100e place ! Kilomètre 20, 2h03 de course. Je vois Aurélien et Emma, ils me demandent si ça va, je réponds que non, que je suis tombé et que je souffre déjà.. Rdv au ravito 5km plus loin.
Premier Ravito, kilomètre 25, 2h45. Ces 5 km ont été longs, très longs … Je suis 166e et toujours premier espoir, mais ça je ne le sais pas. Et je ne sais pas si cela aurait changé grand-chose de le savoir… Arrêt rapide au ravito : je récupère mes biberons avec mon mélange st yorre/jus d’orange/miel. Trop tard, les crampes ont déjà commencées …
Le prochain ravito est dans 13km, soit dans 1h30 selon mon plan. 2h15 dans la réalité et 168 places de perdues. Je suis 349e. Je n’ai encore aucune idée de mon classement mais je sais que ma course est finie.
Durant cette section, il y avait 2km de route. Au départ je croise Aurélien et Emma qui m’encouragent mais voient bien que je ne suis pas bien. Je m’interdis de m’arrêter sinon je sais que je repartirai pas. À ce moment, je pense à abandonner. Mais je ne supporte plus l’échec depuis le trail de St Lary et je n’ai pas fait 600 km pour abandonner ! Je continue sur cette route interminable, je n’en peux plus, je m’arrête et je m’assoie. Encore beaucoup de places de perdues .. Je vois une voiture arriver, ce sont mes assitants. Ils m’encouragent à repartir, un concurrent également, je vais le suivre et m’accrocher, lui aussi est mal en point car il s’est tordu la cheville. On papote et on avance. Je vois Aurélien qui monte à mon niveau avec sa voiture et m’encourage par sa fenetre. J’ai l’impression de revivre une scène il y a quelques années quand je faisais du vélo sur route. Bref je vais faire une bonne partie du chemin avec ce monsieur, un chti, avec un gros accent du nord. J’arrive à le lâcher et à continuer sur mon rythme. Je cache ma montre avec la manche de ma veste. Je ne veux plus me sapper le moral à voir que j’avance à rien. Nous passons alors dans une grande tranchée, 4m de profondeur avec son lit de boue qui s’étend sur 1 km : à en perdre ses chaussures ! Car oui, je ne l’ai pas décrit, mais depuis le début, la boue est toujours présente, une glaise collante et glissante où il n’est pas possible d’avoir d’accorche et où chaque pas est multiplié par 2 en terme d’effort.
J’arrive tant bien que mal au deuxième ravito. Je suis énervé, je cours pour rien, je ne prends pas de plaisir, j’ai froid et surtout je commence sérieusement à être crampé de partout. Après une bonne pause de 5 minutes (mon plus long ravito dans ma jeune carrière de traileur), je repars. Je suis 349e après 4h57 d’effort. J’ai fait 38km500 il en reste 15km. Moi qui visait 6h, je me dis que c’est définitivement fichu. Tant pis, maintenant on fini !
Le prochain ravito est dans 8km. Je vais mettre 1h24. Mais j’ai réussi à retrouver des jambes et j’ai même l’impression de courir vite. Je rattrape du monde, j’arrive à garder un rythme, je suis content. Malheureusement pour moi, la course commence maintenant avec une sucession de montées et de descentes. Le hic, c’est que j’ai toujours mal au genou et je le sens surtout à chaque descente. Le deuxième hic, c’est que j’ai des crampes aux deux jambes désormais. Bref, le calvaire continue. Toutes les places que j’ai réussi à gagner, je les perds aussitôt.
J’arrive tant bien que mal au troisième ravito, avec toujours mes supers assitants qui vont me ravitailler en express. Je ne veux pas perdre plus de temps. Je ne connais pas la fin, mais à ce moment-là je ne veux qu’une chose : courir sur les derniers kilomètres. Il en rest 6 en théorie, 8 en réalité. Je me dis qu’en une heure je peux terminer et finir en 7h30. J’ai presque vu juste puisque je met 7h55 pour boucler les 55km !
Mais quel final !! L’arrivée se trouve à côté du cimetière militaire de Notre Dame de Lorette, avec son grand phare. Le problème, c’est que ce phare on le voit de loin et on tourne autour depuis un petit moment déjà … Mentalement c’est dur. Je m’accroche et les montées/descentes s’enchainent … Je marche dans les côtes et je serre les dents dans les descentes avec ce fichu genou. Je ne sais pas ce que je fais là, je ne prends aucun plaisir et je n’ai jamais eu autant de crampes de ma vie ! En plus j’ai l’impression que le soleil commence à tomber et je n’ai pas ma frontale. Qui dit soleil qui tombe, dit également température qui baisse ! Je commence à avoir vraiment froid, mais je n’ai plus de force. On arrive en bas d’un champ et je sais que nous devons rejoindre une piste cyclable. Seulement entre moi et la piste cyclable je vois un faux plat d’un kilomètre. Je n’ai plus de force, je m’écroule, j’ai mal partout. Je suis dégouté, autant de préparation pour lâcher prise à 2 kilomètres. J’ai envie qu’on vienne me chercher, mais je suis au milieu d’un champ, en plein vent avec des crampes aux molets.
2 bonnes âmes me voient agonisser et me propose de m’étirer. Ça devait être drôle à voir, moi couché dans l’herbre, les deux jambes en l’air pendant que ces deux inconnus, que j’entendais rire aux éclats depuis 1km, sont en train de m’étirer.
Je repars tout de même, mais en marchant. J’arrive en haut de ce fameux faux plat et je vois qu’il reste encore une sacré partie… Encore 1km500 à vue d’œil avant d’arriver. Certe, c’est une descente, mais je n’arrive plus à courir, j’ai trop mal au genou. Chose positive, plus personne me double. Je me dis que je dois être sacrément loin dans le classement. Je continue donc ma rando, entamée 3 km plus tôt. J’avais regardé le plan de la course avant de me lancer dans cette course folle et je savais qu’à ce croisement il ne restait plus que quelques mètres avant la dernière montée. C’était la flamme rouge. Mais je suis vraiment à bout, je n’ai plus de force, je m’accorde une énième pause sur un petit banc de pierre. Une pâte de fruit plus tard, je repars, en courant cette fois. Je double un gars qui me dis que je vais bien vite. Je lui répond que je ne veux pas finir en marchant. Dernière côte, 200m assez raides, repérés la veille. Je fonce, j’en ai trop marre pour passer plus de temps ! Je vois Aurélien m’encourager, ça me reboost, il me reste 500m. Un groupe de belges encourage tous les coureurs dans la côte, on se croirait dans un col du tour de France. Et là, enfin, dernière ligne droite de 200m !!
Je vois l’arche, j’ai envie de pleurer. Mais cette fois cest différent, aucune larme, je suis épuisé, je n’ai plus la force, ni l’envie de lâcher des larmes de bonheur. Je ne suis pas content. Déçu et frustré. Je passe la ligne 399 en 7h55. 3ème Espoir sur 3. C’est un echec ! Je venais pour gagner, j’ai tout perdu.
Alors que tirer comme conlcusion ? Plusieurs choses :
Je suis parti trop vite.
J’ai visé trop haut dans le classement.
La victoire en Espoir était possible si j’avais courru intelligemment.
Encore une fois je n’ai pas assez bu, les crampes s’en sont données à cœur joie.
J’ai manqué de foncier pour pouvoir relancer sur le plat, je n’ai pas assez fait de seuil.
J’arrive néanmois à tirer des points positifs :
Je descend vraiment bien, j’aime ça, je rattrape toujours des gens et j’y vais à fond
Je grimpe bien, plus c’est raid, plus j’aime.
Je n’ai pas eu mal au ventre et ça c’est bien la première fois !
Le prochain objectif est la Tulle Brive Nature, le 10 avril, 45km pour 1100D+. Je ne vise plus rien, simplement prendre du plaisir et finir en bon état. On revera les objectifs après ce trail en fonction.
Le challenge du Trail Tour National me parraît désormais bien compliqué …
Je tiens quand même a remercier Emma et Aurélien d’être venus car sans eux je n’aurais pas fini. Le dernier trail long que j’ai fait était aux Templiers. Autant dire qu’ici l’ambiance est totalement différente : on est loin du gros trail. Néanmoins l’organisation a été parfaite tout au long du weekend ! Super parcours, super organisation et fléchage parfait ! Je ne sais pas si je le referais car il y a de la route, mais il vaut largement son label du TTN ! Ravis d’avoir eu la veste de finisher, je sais que dans l’ouest je dois être le seul à l’avoir ! Et il me tarde de goûter la bonne bière page 24 de 75cl offerte à l’arrivée !
C’était mon premier compte rendu, long pour au final une course pas terrible mais j’espère bien en faire d’autre plus condensés et mieux ércits 😉
Désolé, le formulaire de commentaire est fermé pour l'instant.
SZRAMA Christophe
Bravo Thomas, super récit. Bonne suite sur le TTN et rendez-vous en 2018.
Thomas Coutand
Merci Christophe, j’avoue que mon côté revanchard m’incite à revenir … affaire à suivre ! 🙂