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Adèle Sorin nous partage son ultra

Adèle Sorin nous partage son ultra

C’était fin octobre. Adèle Sorin nous impressionnait, une fois de plus et bouclait l’Ultra-race d’Annecy, dans le sillage de son compagnon et de son frère, Julien et Louis sur la Maxi Race. Quand les deux zigotos en terminaient leurs 80 bornes en 11h et 15h,Adèle, elle, courageusement, finissait les 110km (!!!) en 27h ! Et puis, une fois lancée, elle nous pondait des lignes et des lignes de sa jolie plume pour nous conter cet authentique exploit. A vous de la lire.

Une fois stationnés, nous profitons des derniers moments de chaleur dans la voiture. Des traileurs, tels des zombies mais au physique de commando, apparaissent au coin des rues. Il est temps d’y aller. Camel, frontale, veste chaude, dossard. C’est l’essentiel. S’il manque quelque chose à présent, il faudra improviser. De toute façon pour moi tout sera improvisation. C’est un saut dans l’inconnu.

Les supporteurs sont plutôt nombreux malgré l’heure tardive. Le vent s’est invité à la fête aussi, répandant les fumigènes sur toute la plage d’Albigny. J’assiste aux départs de Louis 30′ avant moi, de Julien 10′ plus tard. Les sas de départ ont été définis selon les points ITRA, toutes courses confondues. Je suis dans l’avant dernier sas. Rien de trop rassurant de savoir qu’il n’y a pas grand monde derrière moi. D’autant plus que j’étais à deux doigts de rater le départ en étant encore de l’autre côté de la ganivelle tandis que le speaker faisait le décompte. Ni une ni deux j’enjambe la barrière : « attendez- moi ! ». Finalement je veux la faire cette course. Je veux essayer de relever le défi ! Il y a au fond de moi une flamme d’impatiente curiosité, d’aventure, d’inconnu et de défi qui me donne des forces et la motivation, qui a chassé tout stress potentiel.

Adèle, Julien et Louis. La famille au départ !

Les jambes sont lourdes lors des deux kilomètres de bitume qui longent le lac. Je me découvre. L’adrénaline réchauffe. L’ambiance est plutôt calme, sérieuse, ou tout simplement en mode veille. A minuit et demi, rien d’anormal. Les lumières de la ville nous éclairent jusqu’à la forêt où débute l’ascension du Semnoz. Succession de frontales rythmées par le cliquetis des bâtons. Je parviens à voir les étoiles parmi les feuilles et le dernier croissant de lune me rappelle étrangement un hamac. Serait-ce l’appel de la sieste ? Ces images me confortent dans l’idée de la chance que j’ai d’être ici, entourée, mais aussi seule avec moi-même, parmi Dame Nature. Cela donne le ton pour la suite de l’aventure. Je fais confiance à la nature. Je me sens dans mon élément, sans compte à rendre à qui que ce soit. Je profite de l’instant présent. C’est ce qui me nourrit pendant les trails. L’obscurité ne me gêne pas, au contraire. Cela laisse la place à l’imagination et aux belles surprises lorsqu’en tournant la tête, on devine les lumières d’Annecy, en contrebas, où le ruisseau qui résonne dans son lit. Et puis, de temps en temps, on aperçoit une frontale à l’écart. Un traileur qui se soulage le long d’un arbre en oubliant que le faisceau de sa frontale éclaire l’endroit qu’il regarde…

Je remarque que la plupart des traileurs préfèrent garder leur veste chaude, quitte à en avoir le maillot tout trempé, presque tâché de sel, plutôt que de perdre deux minutes pour se mettre à l’aise et écouter son corps. Résultat, je passe pour une bête curieuse en étant en t-shirt pendant la nuit. Je passe encore plus pour une farfelue lorsque je n’allume pas ma frontale, préférant l’économiser, ne sachant pas combien de temps j’en aurai besoin pendant la nuit suivante. Je me sers des faisceaux des autres, en regardant loin devant, la nature et le relief du sol. D’où l’intérêt de ne jamais perdre de vue mon prédécesseur. Cela me donne un rythme de marche.

N’ayant pas de montre ou de repères technologique, j’avance au ressenti, avec tout de même la contrainte des barrières horaires. 3h20 pour gravir les 17km menant au sommet, et donc ravitaillement. Cela me donne 1h de battement. C’est toujours ça de pris. Le vent contribue à donner un univers mystique, presque hostile, à cet endroit pourtant ressourçant. Heureusement les bénévoles réchauffent l’ambiance et bradent la soupe à cor et à cri. Ce sera une première pour moi, même si on m’a toujours dit de ne jamais essayer une nouveauté lors d’une course. Je crois que la soupe sera nécessaire pendant ces heures d’effort. Je ne m’attarde pas trop, la borne du chrono étant à la sortie du ravitaillement. Petit panorama sur la ville qui scintille et retour dans la forêt, mais cette fois-ci en descente. 26km nous séparent du prochain ravitaillement. Ce n’est pas tant la distance qui m’inquiète que la durée pour l’atteindre (5km/h de moyenne cela fait 5h). 5h d’autonomie, une première aussi. Ma prépa papier m’avait permis de me préparer psychologiquement à ces délais. J’étais prête, contrairement à ce traileur qui grognait tout haut qu’il mourrait de faim et que c’était inadmissible d’avoir autant d’écart entre deux ravitaillements. Je n’ai pas osé lui répondre qu’une cours, d’autant plus un ultra, ça se préparait. Alors je lui ai proposé un biscuit afin de lui fermer sa bouche. J’avoue que les derniers km furent interminables, même si le jour s’était levé et avec lui les jolies couleurs de l’automne. Nous étions maintenant seuls sur notre parcours, les autres courses ayant bifurquées plus tôt. L’entrain des bénévoles rebooste, faisant presque oublier la bruine qui s’invite à nos côtés. J’ai regagné du temps sur la barrière horaire, je repars rassurée.

Nous traversons de plus en plus de vallons, avec le son des cloches, l’odeur des petits feux de bois faits par les bénévoles aux différents points de passage. Tout pour rappeler les bonnes soirées d »hiver au coin de la cheminée. Finalement il faut parfois peu de choses pour être transporté . Je contemple les paysages tout en prenant garde à l’endroit où je pose mes pieds. D’ailleurs mes pieds n’ont pas l’air de se plaindre. La largeur des Altra leur convient. De toute façon ils n’ont pas le choix. Eux non plus n’ont pas de préparation. Quelques photos du lac vu de 1400m d’altitude, le soleil est réapparut. Je range ma veste. Je me sens bien. J’ai faim. Je mange et je bois régulièrement. Les jambes ne se plaignent pas. Bref, je me régale de ce que je vis. Les km défilent. Il le faut car il y avait encore 28km d’écart entre le 2ème et le 3ème ravitaillement, ou 6h si tout va bien. Cela me parait incroyable de me dire que je repars pour 6h d’autonomie alors que les courses auxquelles je prends part d’habitude ne dépasse pas les 3h. Ce prochain point de passage se veut déterminant pour moi. je serai à 70km, soit l’obtention du statut de Challenger en cas d’arrêt, et le dernier ravitaillement avant la prochaine nuit. Contrairement à mon précédent trail long où j’avais partagé ma course avec 2 traileurs pendant les 2/3 du circuit, et bien cette fois-ci j’étais plutôt seule. Nous n’avions pas le même rythme et chacun semblait dans sa bulle, ou dans la difficulté. Corentin cherchait à discuter mais nos différences de cadences (moi plus élevée en montée, lui plus rapide en descente) ont fait qu’il nous aura fallu plusieurs km pour finir notre discussion. Mais avec une certitude, celle de se revoir plus loin sur le parcours. Grâce à lui j’ai compris que l’on pouvait vomir, se sentir au plus mal, à deux doigts de l’abandon et que finalement un traileur bien attentionné pouvait tout changer. Noix de cajou, mots d’encouragements et il était reparti. Il a même retrouvé un peu d’humour en constatant que j’étais partie 30 minutes après lui et que je l’avais rattrapé. Et puis lors de la dernière descente avant ce fameux ravitaillement, un coach remontait à la rencontre du membre de son équipe. Plein d’enthousiasme il m’encourage de vive voix et le ravito de Giez est juste en bas. Quelques 5 bonnes minutes plus tard, il redescend en compagnie de son traileur qui au passage lui dit que je : » lui ai mis la misère en montée ». Et le coach lui répond : « Tu vois , ça ne sert à rien d’aller vite en montée si après tu ne peux plus descendre ». Mon sang n’a fait qu’un tour. Je crie : « Je vous ai entendu, ne vous inquiétez pas, j’arrive ! » Petite piqure dans mon égo, qui a eu le mérite de me faire accélérer. Il est vrai que j’étais tant qu’assez prudente dans les descentes, le sol étant devenue glissant après cette bruine passagère. Alors… Non seulement je ne l’ai pas rattrapé, mais en plus je me suis faite une ampoule en ayant gardé le petit caillou qui me picotait dans ma chaussure. Je m’emballerai moins la prochaine fois, tant pis pour l’égo.

Cette accélération m’a fait prendre conscience que j’étais plutôt ne bonne forme et que j’avais envie d’aller loin. J’avais atteint l’objectif des 70km de course mais pas celui des 24h. Il n’était que 15h30… J’arrive à la base de vie sereine. c’est d’ailleurs la première fois que je passe à une base de vie. Je prends mon « dropbag » pour changer de chaussettes. Pas de chance, c’est la seule chose qui me manquait. Je prends tout de même mon K-Way, que je pourrai enfiler sur mon camel. Dernier point de confort avant la nuit. Soupe, jambon blanc, tucs, pommes. Certains se reposent,, d’autres se changent intégralement, d’autres se Nok le corps, d’où la vue inattendue de plusieurs paires de fesses. je croise le regard d’une traileuse qui me parait livide, et disons, peu souriante. Moi je me sens fraiche, même si je n’ai pas vu ma tête ! D’ailleurs, les féminines, parlons-en. Apparemment nous étions une vingtaine au départ et je serais dans le top 10 m’ont dit certains. Je leur ai répondu que le top pour moi, était de finir la course. Ce serait même le top du top. Aucun esprit de compétition de mon côté.

Gris mais tellement beau.

Je ne traine pas à la base de vie en me disant que je voulais profiter du jour au maximum. La portion suivante est plate sur quelques km mais je constate que peu de traileurs courent pour autant. Je pourrais. Physiquement c’est possible. mais je n’ai pas envie. Plutôt marcher vite.

Nous traversons de petits villages. Cela me fait prendre conscience qu’à part 2 ravitaillements situés en ville, le parcours est essentiellement en pleine nature isolée. Tout ce que j’aime. C’est peut-être plus difficile pour ceux qui aiment le public et les encouragements. Je me saisis donc des rares mots chaleureux entendus, et notamment de cette bande d’Espagnols qui pensaient encourager leur copine. Légèrement déçus lorsqu’ils ont compris qu’ils s’étaient trompés. Ils auront eu le mérite de me faire rire ! Et de voir cette fille appliquée à faire la circulations dans son lotissement, répétant mot pour mot ce que son papa lui soufflait à l’oreille, toute fière d’elle. C’est vrai que dans ce genre d’épreuve, il en faut peu pour redonner le sourire.

Lors de l’ascension de Montmin, je partage la route avec un breton. Je le trouve vraiment détendu, cela m’apaise et me rappelle de bons souvenirs en parlant du festival des Vieilles Charrues notamment. Il attend son collègue, alors je pars tranquillement. J’arrive à un point d’eau au milieu d’un village. Dernier arrêt en présence de bénévoles. Si je veux arrêter c’est maintenant. Mais je ne suis pas encore rendue à 24h de course alors je continue. Nous repartons à plusieurs, avec les frontales, bientôt indispensables. Cela fait du bien de se savoir entourée par d’autres traileurs à la tombée de la nuit. Si je ne veux pas les perdre je dois suivre le pas et coller à leur rythme, ou l’inverse. En fait je réalise aujourd’hui qu’à partir de la tombée de la nuit, j’ai mis mon cerveau en mode veille. Je me contentais de mettre un pied devant l’autre et d’avaler les km. Surtout lorsque la pluie a fait son apparition vers 19h. Et puis au col des Nantets, et non nantais, les bénévoles ont fortement incités à la prudence car le sol était très glissant, le sentier étroit, sans parler du vide en contrebas. Comme si cela ne suffisait pas un bénévole nous a annoncé que le parcours était rallongé de 4km afin de rejoindre le circuit de la Maxi Night.4km, soit 1h. Première fois que je ne remercie pas un bénévole. D’ailleurs je me remercie moi-même de m’être inscrite à une telle course. Mais quelle idée j’ai eu ?

Maintenant je n’ai pas le choix. Plus vite je marcherai, plus vite ça en sera fini. Je reconnais que le noir, la pluie, la boue, les km gratuits, ont commencé à avoir raison de la motivation. Il ne manquerait plus que la solitude. Je me raccroche à 2 traileurs croisés auparavant. j’avais déjà été interpelé par l’aisance de M’barck, sans bâtons d’accord, mais les mains dans les poches. Comme il l’explique, il avait froid aux doigts. En fait il s’était trompé de jours et avait du débarqué à Annecy sans ses affaires, acheter des chaussures sur place. Finalement, elles lui allaient à merveille selon lui. Il semblait très bien se porter. Il tenait compagnie à Guillaume, qui malgré son sens de l’humour, semblait avoir quelques douleurs dans les jambes. Nous étions 3 et je ne devais pas les lâcher sinon je me retrouvais seule. Les seules frontales à l’horizon étaient celles des coureurs de la Maxi Night qui faisaient 37km en duo. Autant dire que le rythme n’est pas le même. La pluie m’avait refroidie, mon enthousiasme également.

En arrivant au dernier ravitaillement, Villard dessus, 93km, j’étais à peine à 22h de course. Julien et Louis avaient bravé la pluie et écourté leur apéritif pour venir me voir mais pas vraiment m’encourager. En fait la dernière portion était la même qu’ils avaient parcouru quelques heures plus tôt, donc de jour, et sans la pluie. Tous deux étaient unanimes. Elle est dure, casse-patte et difficile d’y courir. Julien avait mis à peu près 3h15 de jour et avec une moyenne supérieure à la nôtre. En calculant rapidement, il restait à peu près 15km, ou 4h d’effort au rythme auquel nous allions. A 22h30, se dire qu’il faut repartir jusqu’à 2h30 du matin, sous la pluie accompagnée de vent, rien de trop emballant. Louis et Julien semblaient prêts à me ramener à la maison. J’avoue que j’étais d’humeur un peu bougonne mais la sérénité de mes deux acolytes m’apaisait. Pour eux hors de question de s’arrêter maintenant. Après m’être assurée auprès d’eux que l’on termine le chemin ensemble, et que je n’étais pas un boulet pour eux, je repars avec le K-Way en plus. A partir de là s’est installé un sentiment de lassitude, de monter parfois par des sentes très raide, en haut de la montagne, pendant 5-6 km, pour la redescendre de l’autre côté, à pic, dans la boue, les deux bâtons en avant pour me retenir… Je rentrais dans le mode zéro plaisir, mais en finir le plus tôt possible. Guillaume était notre locomotive et aussi notre guide,, car il fallait chercher la bande réfléchissante qui nous indiquait où passer. Pas d’erreur d’aiguillage sur toute la course. C’était déjà ça. Nous arrivions tout de même à plaisanter, échanger sur nos vies. M’Barck aimait bien interpeler les autres traileurs, même s’ils se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure du parcours. Je leur ai avoué que sans leur compagnie, je n’aurais probablement pas poursuivi la course après le dernier ravitaillement. Et cela aurait été plus sage, plutôt que d’être seule sur ce terrain accidenté. Après quelques désinformations involontaires de certains bénévoles qui indiquaient 10km et que 2km plus loin il en restait toujours autant. Enfin je commence à reconnaitre des passages. Je reconnais le passage dans la forêt qui borde le gite, là où nous étions passé le jeudi en nous baladant. A un détail près, la pluie et les centaines de traileurs qui nous avaient devancés avaient rendu le sol totalement glissant. D’autant plus que le sentier est en dévers… Les heures passaient plus vite que les km. L’humidité ressentie, la paresse me gagnait. Je n’ai pas pris le temps de boire. Un panneau annonce l’arrivée dans 5km. On se dit que cette fois-ci l’indication doit être bonne. Mais 5km en descente, en calculant à chaque fois où mettre ses bâtons et ses pieds, cela veut dire 1h au minimum. De toute façon je n’ai pas de montre, peu importe le temps et la distance car là aussi nous avions dépassé l’objectif. il fallait en finir. Certains traileurs ont eu un regain d’énergie à la vue de ce kilométrage et se sont remis à courir. Nous les avons regardé passer sans les envier.

Je savais maintenant que j’allais terminer cette course, cet ultra-trail. Au panneau indiquant 2km, les larmes se mélangeaient à la pluie sur mes joues. Je reniflais, non pas dû à un rhume montant mais au sanglot qui m’envahissait. De joie immense, de plénitude intérieure, et de fatigue et de lassitude. Nous commençons à longer des jardins d’habitations, la civilisation ! Allez 1km nous annonce un bénévole. Et là je l’ai remercié du fond du cœur.

Nous arrivons au pied de l’arche qu’il faut gravir pour traverser la route. Cela faisait 2 jours que je la voyais en me disant : « Aurai-je la chance de l’atteindre ? » Et bien oui. Non seulement je l’ai atteinte mais je l’ai montée sans difficultés. Guillaume a tenté de l’esquiver en demandant à une bénévole si elle avait déjà vu un traileur abandonner là. C’est vrai que cette vingtaine de marches à gravir après 110km pouvaient ressembler à de l’exagération. Pas le choix il faut monter. Comme la joie en moi et l’émotion en empruntant le chemin par lequel nous étions passé pour venir chercher les dossards quelques 2 jours plus tôt ! Comme par magie, en arrivant au pied de cette arche, la pluie s’est arrêtée. Toute la descente précédente je me disais: « pourvu qu’il arrête de pleuvoir à l’arrivée ». Même si nous étions trempé, arriver sous la pluie risquait de ternir mon plaisir. Alors j’ai remercié Dame nature qui fut plutôt clémente malgré tout en ces nuits du 29 et 30 octobre 2021.

Nous arrivons tous les 3 de front en marchant. Rien ne sert de courir. Julien Louis et les parents de Guillaume se font entendre. Encore un dernier effort pour passer sur le petit ponton sous l’arche d’arrivée et taper de toutes mes forces, du moins celles restantes, dans cette cloche rouge. Terminus ! Impossible pour moi de réaliser, puisque je m’étais préparé mentalement à ne pas finir. Je ressens la fierté de Julien et de Louis. Je remercie mes deux acolytes. Je vois des bonbons, j’entends parler de soupe, j’ai froid et je grelotte. Tout se mélange dans ma tête. Julien m’assiste, je me pose et reprends mes esprits. Nous nous ravitaillons et la gentillesse des bénévoles me réchauffe. Je retrouve Corentin qui arrive 15 minutes après nous, contente de voir qu’il est arrivé au bout lui aussi, même si son visage en dit long sur son état de forme. Chacun reprend sa route, chacun à hâte de se coucher et d’être au chaud et moi de me laver les dents. 27h quand même sans trop d’hygiène, il est temps. C’est après quelques jours que je réalise ce que m’a offert mon corps, en accord avec ma tête. J’ai réussi à parcourir 110, 115 ou 119km, peu importe. J’ai réussi à tenir 27h debout, sans douleurs, sans souffrance, si ce n’est cette lassitude durant les dernières heures, et sans prépa… Bref, inespéré ! Une très belle expérience, seule avec moi-même, mais sans qui l’entraide de mes 2 acolytes n’aurait probablement pas pu être atteinte.

110 !!!!!!