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GRP Le tour des cirques 2019 par Michaël Bouyer (25 heures)

GRP Le tour des cirques 2019 par Michaël Bouyer (25 heures)

« Je ne perds jamais, soit je gagne soit j’apprends »

J’ouvre ce compte rendu sur une citation de Nelson Mandela. C’est pompeux certes mais elle décrit bien l’état d’esprit et toutes les étapes qui m’ont été nécessaires pour réaliser cette belle balade. Ce GRP Tour de cirques valide un sacré bout de chemin, jalonné de moments difficiles, des petites blessures, des déceptions, de doutes mais surtout des moments de plénitude de bonheur, de partage et d’expériences extraordinaires.

La semaine qui précède ce GRP, je suis hyper stressé.

Bon sang, j’ai regardé les temps de François, David et Lolo lors de l’édition 2017 qui ont réalisé un parcours sensiblement identique. J’ai lu des récits sur internet. J’ai regardé les cartes. J’ai bien repéré le passage entre le refuge de la Glère et la cabane d’Aygues Cluses dans le Néouvielle et je m’attends à un passage minéral bien galère (la réalité dépassera la fiction !). Je viens de terminer ma première prépa depuis 2 ans sans le moindre bobo (Merci Coach Guillaume Jourdain). Tous les voyants sont au vert et pourtant…j’ai peur !

C’est un gros morceau mais ce qui m’inquiète ce n’est pas le dénivelé, la difficulté, les descentes, non. Ce qui hante mon esprit c’est le temps que je vais mettre. C’est stupide. Je fais des calculs, je commence un prévisionnel mais rien n’y fait. C’est impossible de me sortir de ces pensées. Je suis vraiment bête. Je n’ai pas encore couru que je pense déjà au moment où je serai arrivée. Il ne manque pas quelque chose entre les deux ???? Ah si 122 km avec un peu de dénivelé. C’est un maelström, un blackout, je n’arrive pas imaginer la course.

J’appelle David Luttiau (le patron) et ça me fait un bien fou. Je lui demande de me décrire le parcours. J’ai besoin d’échanger avec lui. Ses conseils sont toujours très précieux et l’entendre me soulage. Ça y est j’ai un plan de course. Je partirai cool jusqu’à Gèdre et après on verra. La bascule est faite. J’arrête de m’imaginer finir au plus vite, mon cerveau a enfin intégré que finir tout court sera déjà très bien. Je ferai les comptes après. FINIR et simplement FINIR, c’est le plus important peu importe le chrono. Si je ressens le besoin de dormir alors je dormirais.  Si je dois faire une grande pause alors je la ferais. J’abandonne enfin cette idée de course après le temps. Je me dis qu’autour des 30 heures c’est largement jouable, Le GRP est une aventure qu’il faut respecter, pour le reste on verra.

Hasard ou coïncidence, je lis à nouveau l’excellent compte rendu de JC, mon idole au RAPV. Il a terminé l’ultra tour du GRP il y a 2ans avec une idée de la course qui me plait bien. Il reprend maître Ugueï de Kung Fu Panda : « Aujourd’hui est un cadeau, c’est pour cela qu’on l’appelle le présent ».  C’est ça. Je vais profiter et encore profiter. Je vais laisser l’enjeu au placard pour le jeu et le plaisir d’être dans la nature, en montagne, faire ce que j’aime.

C’est bon, mentalement je suis prêt. Maintenant j’ai hâte.

Nous arrivons à Vielle-Aure le mercredi, le temps ne défile pas très vite avant le contrôle des sacs. On se contacte avec Seb (El presidente), Pierre, et Régis du JCPV. On échange sur certains points. On se donne rendez-vous. Le contrôle des sacs est passé. Je sens que je vais mieux. Je rentre dans la routine de course et ça me fait du bien. Le dossard est retiré. La météo s’annonce top. On boit une bière avec Pierre, Angéline et Emilie. On retrouve tous les copains du RAPV pour le briefing qui vont participer aux courses du GRP. C’est encore un super moment autour d’une autre bière… puis vient le temps des derniers préparatifs et d’une bonne nuit de sommeil.

PIAU ENGALY 10h

Le gang des casquettes blanches

Nous sommes en 4e ou 5e ligne avec Seb sur la ligne de départ. On s’encourage et on se dit que chacun fait sa course. Si on court ensemble c’est génial sinon, bonne chance !!!!

Top départ ! Enfin, c’est parti et la VRAIE course commence.

La première descente, je laisse Seb filer. Je sais qu’intrinsèquement il va bien plus vite que moi. Je cherche à éviter le trafic et les mauvaises chutes. Nous sommes bien serrés et je n’ai pas envie de gâcher mon GRP. La 1ere montée démarre. C’est cool, je prends mes bâtons et mon rythme. Je sens que je suis très bien et je vois la tête de course pas très loin. Je me dis qu’il faut ralentir car je n’ai qu’une envie, c’est de lâcher les chevaux. Je me répète que je suis parti pour 170km et plus de 30 h de course car au GRP il y a toujours des « KM cadeaux ». J’arrive à me raisonner et me tempérer. Je n’ai pas le niveau pour jouer un départ rapide. Antoine Guillon le précise très bien : « il faut économiser ses ressources de glycogène car les stocks ne se reconstituent jamais entièrement durant la course. ». De toute façon le Patron m’a dit d’être tranquille jusqu’ à Gèdre. Nous montons en altitude et cela ne me gêne pas du tout. Progressivement je reviens au train sur Seb. Nous arrivons en haut de la première montée. Je m’arrête pour satisfaire un besoin naturel et profiter de la vue. Autant la montée sur les pistes de ski c’est moche, autant le paysage est superbe. On rigole avec un gars en se disant que nous allons faire une pause pipi à chaque col ! La descente est facile bien qu’un peu pentue à certains endroits. Je reviens sur Seb. On se laisse doubler. Nous cherchons à rester très tranquilles et à bien ménager les quadris. La prépa de « Herr Doktor » Jourdain est top. Toute la muscu effectuée depuis cet hiver nous rend plus solide mais bon on reste quand même des enfants du plat pays qu’est la Vendée. On ne s’excite pas, chez nous une descente c’est 45 secs maxi…

Nous revenons à Piau. L’ambiance est super sympa ! nous sommes 3 min après le temps des gars en étant resté cool. C’est de bon augure pour la suite. Pourtant, je sens les cuisses un peu lourdes. Forcément dans la tête, il y a encore des doutes qu’il va falloir chasser. Suis-je réellement prêt pour affronter tout ça ?  Allez, je pense aux ondes positives de JC et son maître Ugueï et c’est parti pour Gèdre. La première partie est roulante jusqu’au pied du port Campbiel. Je fais remarquer à Seb la magie du maillot RAPV. En effet, de nombreux spectateurs reconnaissent le maillot et nous encouragent. C’est incroyable et cela va se vérifier durant toute la course jusqu’à l’arrivée. Je double un gars sur la section roulante. C’est un single et j’essaie de rester cool. Je me retourne.  Je vois que Seb est 10m derrière moi. J’entame la montée. Je suis vraiment très bien. Je baille et je baille. A cette heure j’avais l’habitude de faire une sieste de 5min. Du coup je pense à la nuit, dans 10h ! vais-je y arriver. Allez, on chasse ces mauvaises idées. On souffle un bon coup. Sur les conseils du Patron je visualise un moment agréable. Je me dis que si je baille c’est qu’au contraire je relâche le stress accumulé.

Je regarde le port Campbiel et c’est magique. Le quart de lune est juste au-dessus du col.  J’ai vraiment l’impression que je vais aller le décrocher. La lune est si proche. Le paysage minéral renforce encore davantage cette impression. J’avance et arrive en haut du col. Guillaume nous a envoyé un message ; François, Lolo et David ont été unanimes : on ne s’enflamme pas dans la descente de 10km jusqu’à Gèdre ! Du coup, j’essaie d’être le plus relâché et souple. Je me laisse doubler. Je cherche à bien poser les pieds, être léger. La descente est super facile mais c’est vrai…. très très très longue. Je m’autorise à doubler une fois parce que franchement si je freine trop, là je vais me casser les quadris. J’arrive à hauteur de la piste de luge d’été. Je retrouve Noémie, Louise et Emilie. Quel bonheur ! Un ravitaillement efficace où je mange un peu de riz. Je préviens la famille de Seb qu’il ne doit pas être loin derrière moi. En haut du col il devait être deux ou trois lacets maxi derrière. Je repars pour le lac des Gloriettes.

Le Patron m’a prévenu la montée n’est pas simple. Du coup je reste sur un petit rythme. Je me sens bien. Je m’alimente. Je vois que même en montant tranquille je reviens sur un gars devant moi. J’emmène un autre qui reste scotché à mes chaussettes. La montée est à l’ombre mais il fait chaud. On sort sur la plaine et là je sens qu’il y a un truc qui cloche. J’ai du mal à relancer. Je commence à douter. Et si j’étais parti trop vite ? et si j’avais fait le beau, le malin ! Je me fais doubler et non ça ne veut pas repartir après environ 5h de course. Je remets en question ma prépa où je n’ai pas fait de course longue depuis l’Esukal trail. Je me dis que je n’ai pas assez souffert, que je ne me suis pas pris de claque pour me remettre à ma place. La dernière en date étant à la Trans Aubrac où passé la mi-course j’avais explosé après un départ pourtant prudent. Je ne m’étais pas bien préparé et j’avais fini au forceps. C’est Emilie qui m’avait remis sur le droit chemin et évité l’abandon. Il me restait 10km. Je me demandais ce que je faisais là. J’en avais ras le bol. Je l’avais vu avec les filles. Je commençais à traîner et à me plaindre. Elle me connait et m’avait alors mis un coup de pied au c.. pour que je reparte. J’avais fini. C’était difficile, j’avais couru, réussi à maintenir le rythme et le lendemain à la récup tout allait bien. C’était une vraie leçon. Je ne dois pas succomber trop vite à mes démons. Et puis comme le dit si bien Lolo, « finalement ce n’est que du temps » alors je me ménage et j’irai au bout. J’arrive enfin au ravito du lac des Gloriettes. Le paysage est magnifique. On passe sur un barrage et je comprends que je serai seul. Emilie n’est pas là avec les filles, impossible de monter en voiture. Je refais les niveaux d’eau. Je remarque que je n’ai pas beaucoup de nourriture car je comptais sur l’assistance pour me ravitailler. Au ravito, il n’y a rien à manger. Je ressens le besoin de faire une pause. Dès le début de la montée je m’arrête. Je prends mon portable. Je vois qu’Emilie m’a laissé un message. Elle sera à Gavarnie. Je prends mon temps. Je repars mais sans resserrer mon sac sur la poitrine. Franchement, je suis à l’ouest. Le paysage est magnifique. On passe sur un pont qui enjambe un cours d’eau. Des enfants sautent dans l’eau cristalline sous l’œil de leurs parents. Nous sommes à l’entrée du cirque d’Estaubé et c’est superbe. Il faudra revenir ici en famille. Prendre le temps de lézarder et de jouer dans un cadre extraordinaire. Ces belles images ne changent rien, je n’avance pas. Je ne me fais pas doubler mais j’ai chaud. Je repère un rocher à l’ombre. Je décide de me poser. Je dois manger une barre de céréales qui ne passe pas en courant. Les coureurs sur le chemin me demandent si je vais bien. Oui oui, j’ai simplement besoin de faire une pause. Je prends le temps de bien mâcher de manger calmement. Je m’imprègne de ce cadre. Mon égo souhaitait en finir au plus vite avec ce GRP mais la difficulté de l’épreuve me remet à ma place. Il faudra prendre le temps et de toute façon je finirai, peu importe le chrono à la fin. Un gars avec un bel accent du sud me dit que lui s’est baigné pour se rafraîchir. Je repars quelques mètres derrière lui. La montée de la Hourquette d’Alans est longue. Je vois les petites fourmis devant moi et j’aperçois le col au loin mais c’est encore très loin… Je fais tout ce que je dis de ne pas faire à Emilie dans un col. A l’Euskal, je n’ai cessé de lui répéter de monter moins vite, de trouver un rythme et de ne pas faire de pause. Là, je m’arrête trois fois et pourtant je n’avance pas. C’est la première fois que cela m’arrive autant. A la CCC j’avais bien souffert dans la montée sèche vers les Tseppes, je m’étais enflammé dans le bas de l’ascension pour exploser à mi pente. J’avais ensuite retrouvé des sensations donc je ne m’affole pas. Je me raccroche à cette idée : ça reviendra ! Un peu de philosophie de « Kung Fu panda » et c’est reparti. Je vérifie mes urines car ça fait quand même un moment et là je comprends qu’il faut boire, boire et encore reboire si je veux finir la course. La déshydratation n’est pas très loin. J’ai pris un coup de chaud, je n’avais pas l’impression de beaucoup transpirer mais bon, faut faire passer. Au loin, je devine les silhouettes découpées des bénévoles qui nous observent dans la montée depuis le haut du col. Enfin j’arrive à leur hauteur. Gentiment, un gars me dit : le ravito est à 2km, c’est le bâtiment qui brille au soleil. Je descends et le chemin est très facile, « c’est roulane » comme dirait Kilian Jornet. Je retrouve des sensations et du plaisir. J’arrive au ravito. Je prends mon temps. Deux soupes, de l’eau pétillante du jambon sec, des tucs, bananes. Je refais les niveaux. J’envoie un message à Emilie car nous ne sommes pas pointés et je veux la rassurer. Elle doit m’attendre et s’inquiéter. La descente jusqu’à Gavarnie est agréable, je relance facilement et cours. Certains passages dans la roche me rappellent les Templiers. Le Patron m’avait dit qu’il faudrait courir sur cette partie. Je n’étais pas au rendez-vous des Gloriettes mais promis, là je cours. Je pense aux gars qui ont certainement fait parler leurs gros moteurs dans cette section. Je pense à Seb et je me dis qu’il fera de même et me rattrapera. Je trouve un rythme et je cherche à ne pas trop forcer quand même. Je me fais doubler par un petit jeune qui envoie du lourd. Je ne suis pourtant pas lent et je reviens à hauteur d’autres coureurs. Ça fait du bien au moral. Au détour d’un chemin la ligne de crête apparait et c’est splendide. La brèche de Rolland est bien visible. J’avais regardé les cartes IGN mais en vrai c’est tout simplement superbe. Il faudra que j’aille voir cela de plus près prochainement. Un bénévole signale un passage glissant et dangereux. Je ne trouve pas… et puis on arrive par un petit chemin au pied du cirque de Gavarnie. C’est la claque ! C’est un mur, c’est comme dans Game of Thrones !!! Un gars me raconte qu’en hiver c’est magnifique. Je veux bien le croire.  La suite jusqu’au ravito n’est pas difficile mais un peu longuet. Je cours, je me gère je croise un photographe, je lui fais remarquer qu’il y a pire comme endroit sur terre.

Il y a du monde dans les bois avant le ravito et je me fais encourager par de nombreux vendéens qui reconnaissent le maillot du Rapv. On me parle même du Vendée Raid !!! Dans une petite descente je reviens sur un gars qui visiblement n’est pas bien. C’est l’avion de tout à l’heure, le petit jeune qui m’a déposé avant Gavarnie. Il a une crampe. Je prends le temps de l’étirer de voir s’il va mieux. On discute et je repars. Après un chemin plat c’est l’arrivée au ravito. Je retrouve Noémie Louise et Emilie c’est le bonheur ! Je raconte mon coup de moins bien. J’ai un peu mal à la tête. Je prends bien le temps de boire de la soupe. Emilie est au petits soins et Noémie aussi. Je bois une bière sans alcool (cf. discussion avec coach G pour la réhydratation et la récup). Un peu de thé et c’est reparti. Je ne traîne pas trop quand même car il fait froid à l’ombre des montagnes. En repartant, je discute avec un gars qui a organisé l’Euskal trail. Je lui dis tout le bien que je pense de cette course. C’est un de mes meilleurs souvenirs. Il me dit que les basques savent recevoir ! Je suis bien d’accord avec lui. A partir de ce moment nous revenons sur des coureurs de l’ultra 220km. Je les vois monter et je suis admiratif. Je signerais tout de suite en bas de la feuille si j’étais capable de faire de même après 170 km !!! Je reviens sur un gars du 120 après l’ascension du Hount de Ourious au profit d’une partie sur route qui me rappelle l’UTPMA où j’étais cuit et où j’avais pris cher dans les derniers kilomètres. Là, je profite, je cours relâché sans chercher à forcer. Il me dit que la descente qui suit est très pentue, d’ailleurs il se met à marcher pour s’économiser. Je continue. J’arrive dans la descente. Bon c’est pentu mais ce n’est pas non plus méga difficile, Le motocross est pire en plus court 😉 Je me rends compte que mes cuisses sont un peu dures mais rien de méchant. Les articulations des genoux ont besoin d’un peu d’amplitude car c’est un peu raide mais ça va. Je remercie cocah G pour toutes les séances Tabata, muscu au cab’ durant l’hiver, toutes les descentes et tout le travail porte ses fruits. J’arrive à « Gèdre retour ». Je pars dans mes pensées. Je suis passé là il y a maintenant combien de temps ? Bing, je trébuche sur une partie tout à fait anodine. Réveille-toi ! Le temps on s’en fout, reste dans l’ici et maintenant, concentré sur chaque pas. Au ravito je retrouve les filles. C’est vraiment super et c’est un véritable atout. Je suis convaincu qu’une partie de la réussite des courses réside dans le soutien d’Emilie et des filles. Je fais peur à Noémie car je vais me reposer 5min sur un banc. J’ai mal à la tête. Pas de panique, je ressens simplement le besoin de bien respirer et me poser. La section qui suit est difficile. J’ai lu de nombreux compte rendu qui l’explique bien. Emilie me met de la Ravinsara sur les tempes. Je ferme les yeux. 4min après, je sens que c’est bon. Feu !!! J’y retourne, j’ai hâte de voir ce chantier. Frontale sur la tête je demande où sont Seb, Pierre et Régis. Apparemment tout le monde va bien. C’est cool ! Les copains et copines qui couraient sur le 40km du Néouvielle aujourd’hui ont tous fini. Après ce shoot d’ondes positives, je repars direction Luz où j’ai prévu de dormir un peu.

La section qui suit se déroule de nuit. Je cours derrière un gars qui envoie du lourd et relance bien. Je me sens très bien et je ne réfléchis pas. Je reste derrière lui. Dans les montées il prend quelques mètres d’avance mais je remarque que dans toutes les relances je reviens sur lui sans forcer. Nous doublons pas mal de monde mais entre les coureurs du 220 et du 120 je ne sais pas qui est qui. A la faveur d’un raidillon, il disparait. L’ascension démarre pour de bon. C’est vrai qu’elle est très longue et exigeante.  Des passages en dévers, racines et cailloux, c’est bien raide à certains endroits. Je vérifie sur ma montre l’altitude. J’arrive à un passage avec une corde. Un bénévole me signale que je suis à Arrode. Il reste encore pas mal de chemin avant Luz. Je relance et continue. J’aperçois au loin une tonnelle éclairée. Une silhouette cachée dans la pénombre annonce : « un coureur arrive ». Mais où suis-je ??? L’homme m’explique qu’il organise avec sa femme « un ravito off » car ils sont conscients de la difficulté de la section précédente. Ils adorent ces moments fugitifs où ils peuvent discuter avec les coureurs. Ils font cela chaque année. Je me pose sur une chaise et bois du thé. Un coureur que j’avais doublé arrive. On discute bien. C’est génial, nous vivons un petit moment de bonheur avec ce ravito inattendu. Un autre thé, des amandes et il faut bien repartir. La suite jusqu’à Luz n’est pas difficile mais pénible car le balisage est minimaliste. Je fais des sections de 100 à 150 m sans voir de rubalise. J’entends un cri au loin. Quelqu’un appelle. J’arrive à sa hauteur, il s’est certainement perdu avec ce balisage de m…. Pas du tout, il n’a plus de piles et doit prendre sa frontale de rechange. Nous repartons ensemble. Il râle tout le temps, il se plaint car il a mal aux jambes. Au départ je l’attends un peu. Je l’éclaire dans les parties un peu techniques car il a un petit halo de lumière. Puis, il me dit que c’est bon alors je ne demande pas de confirmation et je file vers Luz avec toujours ce balisage espacé où le doute s’installe entre deux marquages. Dans la ville c’est pareil, ce sont des passants qui m’indiquent le chemin. Je suis revenu sur un coureur qui connait les lieux alors je ne le quitte pas et il m’emmène à la base de vie.

J’arrive au ravito où les filles dorment sur les genoux d’Emilie. C’est dur pour elles. Je me change intégralement. Je n’ai pas très faim mais bois deux soupes et prends un peu de jambon. Je bois une autre bière sans alcool et un peu de thé. Je fais un micro dodo de 15min allongé sur le banc. Je ne voulais pas aller dans la salle de repos où ceux du 220 ont davantage besoin de calme que moi. Les filles sont fatiguées, on discute et je me relève pour repartir et les laisser tranquillement dormir dans la voiture. Seb arrive dans la salle. Il va bien. Je suis content de le voir. On échange rapidement, dans ma tête il me rejoindra dès que je vais me poser plus longtemps à un ravito. J’ai pris 45min, je me sens prêt à partir pour Barèges. Je regarde la topographie pour avoir une idée des efforts à faire. Je ne regarde pas trop le kilométrage car j’ai déjà 4 km de plus que le road book. Le départ dans la ville est un faux plat le long de la route. Je discute avec un gars du 220 qui a maintenant un pacer pour compagnie jusqu’à l’arrivée. Le départ est très roulant avant d’atteindre une section plus pentue. Ça se fait très bien. Je double un gars du 220 qui m’interpelle : « Allez le RAPV, allez la Vendée !!!! »  Je ralentis pour échanger et c’est un gars du Beignon-Basset. C’est dingue, tu es dans les Pyrénées, en pleine nuit au milieu de nulle part et tu échanges sur le Poiré ! Arrivée en haut d’un plateau, plus de balisage… les gars que j’avais doublé reviennent et nous recherchons un indice. Certains veulent essayer de monter un peu plus haut. Je ne suis pas chaud et je préfère continuer dans la direction du dernier fanion. J’ai remarqué que l’herbe était couchée dans un sens. Je continue 100m dans le champ et j’aperçois un petit drapeau non luminescent entre deux arbres qui marque le départ de la descente. J’appelle les gars au loin et je file. La descente est facile. J’aperçois des lumières. Je ne pense pas être à Barèges car sur le road book il y a une bonne montée après la descente. J’arrive en ville et je lis une pancarte ravito à 100m. C’est une blague ? Elle est où la montée ? Bon, les surprises dans ce sens-là, je ne dis pas non.

Je rentre. Emilie n’est pas là. Je décharge mon sac sur la table, les bénévoles sont aux petits soins. Je prends une soupe avec des pâtes, de l’eau pétillante, du jambon sec. Je vais rentrer dans le vif du sujet dans les prochaines heures donc il faut bien s’alimenter. J’appelle Emilie qui ne m’a pas vu arriver alors qu’elle préparait les affaires. Je prends mon temps. On discute, les filles dorment dans la voiture à l’entrée du ravito. Je fais le plein de patates douces, de pomm’potes et de barres de céréales car la prochaine fois que l’on se voit c’est à l’arrivée. Emilie me masse une dernière fois. Finalement, je ne ressens pas le besoin de me reposer et de fermer les yeux. Je repars sans avoir réussi à manger toutes mes pâtes mais j’ai bu toute la soupe. La suite est également très roulante. Je cours dès que je le peux. Je ne vais pas vite mais je suis plus rapide que si je marchais alors je continue. Le Patron m’avait dit qu’il faudrait essayer de gagner du temps sur cette section. Je reviens sur des coureurs que j’avais déjà doublé après Luz. On discute un peu et ils me disent qu’ils font des ravitos express. J’ai laissé au moins 10min à Barèges mais je ne le regrette pas. Le gars connait bien la section. 5km de piste relativement roulante et ensuite 5km avec des cailloux où cela grimpe un peu plus dur. Je lui demande s’il a repéré après le refuge de la Glère. Il me décrit un champ de cailloux et une montée à la Hourquette de Mounicot, «vraiment dégueulasse » ! C’est bien ce que je pensais : Welcome to le Néouvielle !!!! Je double des coureurs dans cette section. Je me retourne et aperçois des petites lumières çà et là comme des lucioles égarées dans la montagne. Je coupe quelques secondes la frontale pour admirer le ciel étoilé. Je pense à JC et c’est vrai que ces moments n’ont pas de prix. Je rallume pour éclairer les yeux des chevaux ou autres vaches qui évoluent en liberté dans cet espace. J’arrive au refuge et j’ai déjà repéré des lumières qui s’attaquent à la Hourquette de Mounicot. Je bois deux soupes. Je réorganise mon sac, je refais les niveaux même si je n’ai pas beaucoup bu. La lumière de la lune se reflète sur le lac de la Glère qui scintille comme une rivière de diamants. C’est magique et avec un gars nous buvons notre soupe en contemplant ce spectacle.

La suite est comme je le pensais. C’est très difficile de courir voire impossible. Je progresse de cailloux en cailloux, à la recherche du balisage. Les bâtons sont plus un handicap qu’autre chose car les pointes se coincent dans les rochers. Je les plie en 3 et avance. Je me cale derrière un gars qui progresse bien. Je le laisse faire la trace. Je fais des micro pauses pour manger, boire. Je sais que nous sommes dans la section difficile de ce GRP. Les coureurs râlent. Certains sont sur le côté et semblent bien marqués. Je pense au Patron qui m’avait dit qu’il faudrait « jouer à saute cailloux ». C’est exactement ça. Tu aperçois la balise au loin, tu repères les pointes des rochers ou les parties plates les moins casse-gueule et tu y vas. C’est bête mais à ce moment j’ai la parodie de Francis Cabrel par Laurent Gerra en boucle dans ma tête. « Alors je saute sur les CAAAAILLLOUUUUUXXX !!!!» Je sens les cuisses qui fatiguent quand même et le dessous du pied droit qui chauffe un peu. Je regarde l’heure et je pense aux copains qui sont partis pour le tour des Lacs. Je les imagine courir dans la montée du Portet et je sais que je ne les croiserais pas aux Merlans. Enfin, j’arrive à la Hourquette de Mounicot et la descente elle est comment ? Bah, comme la montée ! Donc on saute de cailloux en cailloux, et la suite ? C’est encore un champ de 2km de cailloux. Je fais cette section de nuit et je pense fort à Pierre qui la passera de jour. J’espère qu’il ne fera pas trop chaud et que ça ira pour lui. La montée au col de Madamète est interminable. Je n’ai pas compté le nombre de coureurs sur le côté mais c’est un vrai chantier. Je pense être arrivée. Ma montre indique l’altitude annoncée dans le roadbook mais non ! Au GRP, ils sont très joueurs. Nous allons encore manger des cailloux et atteindre la ligne de crête avec encore du d+ alors que le col est juste en face…

La pénombre se fait plus claire. En silence, les premiers rayons du soleil chassent doucement la nuit. Je suis au col de Madamète. Je m’arrête, je souffle, je contemple et je sors mon portable.

C’es superbe. Je me dis que j’ai vraiment de la chance d’assister à ce spectacle en haut du col. J’envoie un sms à Emilie pour lui indiquer où je suis. Je lui écris : « Je suis HS mais j’avance » avec la photo. Ça ne veut rien dire…je sais, mais sur le moment c’est ce qui me vient à l’esprit. La descente jusqu’à la cabane d’Aygues Cluse est longue avec encore du cailloux. Ce n’est pas facile de courir et je reste bien concentré. Je remarque que je n’ai pas beaucoup bu ni mangé. Je prends une patate douce. J’arrive au ravito, il y a 6 coureurs du 220. Je range la frontale, je reprends la casquette et les lunettes. Deux soupes, un peu de jambon et c’est parti direction la Hourquette Nère.

Je sens que j’accuse un peu le coup. Je relance dès que je le peux mais je ne suis plus aussi facile. L’ascension est courte mais avec des passages bien pentus. En haut, le bénévole m’indique les Merlans à 8km ! C’est la joie du GRP et ces kms ajoutés par rapport au road book. Je n’ai aucune idée de l’heure mais je me dis qu’en moins d’1h30 je devrais être là-bas ce qui me permet de calculer ce que je dois manger par rapport au nombre de patate douce en stock. La descente n’est pas si simple, encore et toujours des cailloux avec des racines bref la progression ne se fait pas sans effort. Je double des gars du 220 qui ont l’air de souffrir. Des petits mots d’encouragements et je continue. C’est long ! Je vérifie si je ne glisse pas doucement vers la déshydratation car je bois peu. Je n’ai d’ailleurs pas faim. Je me force un peu à prendre une patate douce mais je ne mange pas beaucoup. Dans un passage technique, je cogne une souche avec mon genou gauche et fait un 360° réception pied droit en équilibre. Nickel… Ouf de soulagement !!!! Je suis fatigué mais j’ai encore quelques réflexes pour rester debout.  Ça me rassure !  J’arrive finalement au pied d’un raidillon. Je commence à croiser des randonneurs et des spectateurs qui font le chemin en sens inverse. Je longe le lac de l’Oule qui est sur ma droite. Je suis sur une sorte de faux plat. Je me rends compte que je marche et que je suis tout seul, personne devant et personne derrière. Je relance et me remets à courir. Je ne dois pas être si loin des Merlans. Je regarde l’heure. Il est 9h40. Aucun regret, Emilie n’aurait pas eu le temps de venir au ravito car la route est fermée à partir de 10h pour les vélos. Cela m’a longtemps préoccupé avant la course. A quelle heure serais-je aux Merlans ? J’ai ma réponse et je bascule dans un autre mode. Je m’étais dit que je m’autoriserais à calculer à partir de là. C’est jouable d’arriver avant midi. Au ravito, je pointe, je réorganise mon sac (patate douce en stock). Je prends 5 bonnes minutes. Deux gars du 120 sont assis à la table sur la terrasse. Je repars. J’ai en tête le temps de François, de Lolo et de David il y a 2ans. J’ai aussi en tête mon temps du GRP 80 km. J’avais bien couru et un peu marché car j’avais mal au genou et les cuisses fatiguées. J’étais descendu en 2h à partir du pointage. L’objectif est clair : faire mieux.  Je veux faire moins de 2h à partir du pointage. Je débranche le cerveau. J’entame la montée. Je rythme à fond avec les bâtons. Il fait déjà super chaud, il n’y a pas de vent. Tout d’un coup, j’entends siffler. Les gars derrière m’indiquent que je suis en train de suivre la piste et sortir du balisage. « Reste lucide Micka, Mer… tu t’enflammes et tu fais n’importe quoi ». Je les remercie de loin et reprends mon chemin. Je remarque qu’ils se rapprochent. Bon sang, mais ils me chassent !!! Ah ça non ! Je ne perdrais pas deux places. Je ne sais pas quel est mon classement mais à partir de maintenant si je me fais doubler c’est qu’ils sont très forts. Du coup, je monte à un bon train tout en restant lucide et je veille à ne pas jeter toutes les forces dans cette petite montée. J’enclenche en haut le mode course. Les jambes mettent un peu de temps à bien répondre. C’est difficile mais je sais que sur cette portion, il faut courir car il y a du temps à gratter ou tout du moins, il faut en lâcher le moins possible. Je reviens sur un gars du 120 qui alterne course et marche. Je le double. J’entends ses pas derrière moi. Il s’accroche. Je serre les dents et je passe les légers faux-plats en courant. Je ne l’entends plus, il a craqué. Je me retourne il est 50m derrière. Allez Micka, tu tiens comme ça jusqu’au bout. La descente se fait plus prononcée. Il y a deux ans j’avais marché à cet endroit.  Là, c’est dur mais ça tient ! je ne vais pas super vite mais j’avance en courant. Je rattrape un groupe de 4 coureurs. Je pense qu’ils sont du 220. J’entends l’un d’eux dire qu’il aimerait bien courir comme ça. Dans ma tête, je me dis : « Merci mon gars ! » Je pense encore à Coach et à toute cette muscu. C’est là que ça paye !!! C’est dans le money time que les différences se font. Un bénévole me demande mon numéro de dossard et le transmet par talkie. Enfin nous sommes contrôlés sur le chemin ! C’est la première fois depuis le départ et à mon avis c’est trop peu. Je ne pense pas que ce soit l’âme du traileur au GRP mais celui qui voulait gratter et couper des sections avait tout le loisir de le faire entre Gèdre et Barèges. J’arrive en haut du cap de Pède. Je descends à fond le raidillon (enfin…pour moi à ce moment-là). Les cuisses encaissent bien le choc. Je continue et croise des spectateurs. Ils m’encouragent avec des « allez le Poiré ! C’est un vendéen ! » J’arrive à Soulans, les cloches sonnent 11h. Là, je me dis que ça sent bon et que je devrais terminer avant midi. Rester concentré et encore concentré, ne pas s’enflammer, serrer les dents et continuer voilà ce à quoi je pense. J’imagine qu’Emilie court avec moi comme à l’Euskal où nous avions bien descendu les dernières difficultés.  Elle avait souffert et avait réussi à envoyer du lourd sur la fin. Si elle a réussi alors moi aussi je tiendrais. J’arrive dans la partie où il y a plein de cailloux. Je commence à en avoir marre de ces « put… de cailloux » !!! Le clocher de Vignec, la route et je déroule. Les jambes répondent bien. Ce n’est pas super rapide mais je garde un bon rythme. Je commence à réaliser ce que je suis en train de vivre. Je vais finir ce GRP en moins de 26h et je me sens bien ! C’est complètement dingue. J’arrive à hauteur du camping où Gilbert, mon voisin a posé sa caravane. J’hésite à crier et à l’appeler.  C’est à ce moment que je l’aperçois sur le bord de la route à m’attendre. Je lui tape dans la main et je suis envahi par l’émotion.

La fin du GRP sur ce plat le long de la Neste d’Aure est vraiment géniale car on peut revenir doucement à la réalité après tout ce que l’on vient de vivre. A plusieurs reprises je sens l’euphorie monter et j’accepte de me laisser aller, d’en profiter. Je garde quand même les lunettes pour que l’on ne devine pas les larmes dans mes yeux : faut pas pousser non plus…

Le pont se profile à l’horizon et j’aperçois les filles. Je ne vous fais pas de dessin. C’est un moment hors du temps. Je les retrouve après cette traversée du Néouvielle. Les filles sont super excitées et elles partent en direction de l’arrivée. Finir ensemble et franchir la ligne c’est le petit cadeau que nous nous offrons.  Elles ont vécu toute la course et bien patienté. Pour moi, c’est le moment où je les retrouve après cette parenthèse.

Il y a peu de monde dans Vielle-Aure mais JC et Aude sont là. J’hurle à mon idole que j’ai souvent pensé à lui. C’est sûr, il m’a accompagné tout au long de ce chemin. D’ailleurs je crois que je ne cours jamais seul. Emilie et les filles sont toujours là. David, le Patron c’est pour moi comme une évidence et sans lui, je ne serais pas sur les chemins aujourd’hui. Tous les copains et copines, …Bref, le trail est peut-être le sport individuel le plus collectif que je connaisse.

Je franchis la ligne avec les filles. Emilie, Aude et JC nous rejoignent. C’est un moment où la réalité du temps n’a pas encore repris son cours. C’est un instant de plénitude et de bonheur tout simplement. Emilie m’annonce ma place. Je crois à une grosse blague ! Je suis tout simplement heureux d’avoir couru en laissant de côté la notion de classement et de profiter, de ne pas me prendre la tête. C’est toujours ce qui me réussit le mieux. C’est si facile à dire et pas si simple à faire. Vanness’ et Pierre nous rejoignent. Les voir me fait super plaisir. J’avoue : la bière ne passera pas maintenant, mais promis « Madame » on trinque dès que ça ira mieux. Je n’ai pas très faim ni soif. Ça fait un moment que je n’ai pas mangé mais bizarrement je ne me sens pas mal. Au contraire, je pourrais encore courir. J’ai 129km à ma montre, je ne me croyais pas capable de faire ça. Merci « Herr doktor » Jourdain pour tous les conseils et entraînements de qualité. Tu n’étais pas présent physiquement mais je pense que tu as été avec chacun des Rapvistes durant ce GRP.

L’après-midi les jambes et le corps sont fatigués. Le lendemain je marche encore au ralenti mais ça va. Tout doucement, les choses se mettent en place. Étapes par étapes, je progresse. Le plaisir reste le moteur principal et le partage la petite étincelle qui fait que tout s’éclaire. Je regarde le chemin parcouru en 3 ans et c’est cool. Je n’ai qu’une envie. C’est de repartir et découvrir de nouveaux sentiers, de nouveaux cols, de nouveaux endroits au milieu de nulle part où si je ne courais pas, jamais je n’aurais foulé ces espaces. J’ai envie de vivre et de partager de nouvelles balades en trail, en off ou en Raid. Bien sûr, il y aura aussi des moments difficiles, des déceptions, des équilibres à trouver mais ça fait partie du package.

No pain no gain !

De toute façon, « je ne perds jamais, soit je gagne soit j’apprends. »