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LE TRAIL DES CITADELLES, QUATRE COURSES EN UNE

LE TRAIL DES CITADELLES, QUATRE COURSES EN UNE

LE TRAIL DES CITADELLES, QUATRE COURSES EN UNE

Direction l’Ariège, Lavelanet, pour le premier des deux objectifs de cette saison particulière, le trail des Citadelles. 40km et 2000 D+

Un profil attractif non ? En tout cas il va y avoir à manger.

Je tente une nouvelle narration. Si c’est trop long… tant pis.

LA COURSE DES COPAINS

Cette année, enfin je peux partager un trail avec Samuel et Benoit. Après notre rendez-vous manqué du marathon de Poitiers (blessé) en 2014 et notre petit 15km de Rosnay en 2016, j’ai réussi à entrainer mes fidèles compères pour un 40km avec du dénivelé. A ce petit jeu se joint Romain, bien tenté par tout ça. Nous partageons notre mobil-home au camping de la Serre à Aigues-Vives, parmi les autres mobil-home du RAPV. Nos niveaux de préparation divergent. Romain semble prêt. Samuel a couru avec régularité deux à trois fois par semaine depuis le mois de décembre. Il a effectué des côtes et des sorties plus intenses avec son asso des Fondus de Vouneuil. Benoit prépare l’étape du Tour entre Annecy et le Grand-Bornand du 8 juillet. Il a enchainé les séances de home-trainer, fait une sortie longue par semaine et un peu de renforcement du haut du corps.

Trois innocents et un dingo ?

La veille c’est détente avec une bière ou plus selon les personnes, en compagnie des membres du RAPV. Petite belote pour penser à autre chose. Mais Samuel et romain transpirent le stress. Au petit matin Samuel n’est pas serein. Direction Lavelanet. Au départ petite photo de groupe. J’ai hâte de prendre le départ. C’est cocasse comme départ. Nous sommes tous sous un barnum sur la place du village. Le départ se fait à la corne de brume mécanique… C’est particulier. Les premiers hectomètres sont toujours cette phase de remise en route de la machine. Oui car nous ne nous échauffons pas, nous dans le ventre mou. Nous avons assez de km pour nous échauffer étant donnée l’allure à laquelle nous progressons. Les premières flaques d’eau et de boue apparaissent. C’est l’occasion de remonter quelques places. Je souris en voyant tous ces traileurs s’écarter pour protéger leurs chaussures alors que nous allons bientôt patauger dans la boue pendant plus de 30km. Allez nous passons plein centre.

En haut de Montségur la neige nous attendait.

Lorsque la montée vers Montségur se présente réellement nous ne sommes plus que trois. Romain a pris la poudre d’escampette. Le froid du départ a laissé la place à une tiédeur printanière, encouragée par les rayons du soleil. Il fait beau ! Pas de vent et de la neige sur les sommets. Que demander de plus ? Le monotrace vers Montségur est exigeant et verglacé. Tous ceux que nous croisons nous avertissent de ne pas glisser. Nous assistons à de belles chutes. Arrivés en haut, petite photo. Profitons-en un peu tout de même. Cela nous coute une trentaine de places et de longues minutes de bouchons. La redescente est très lente, la faute au gel qui met les fesses des coureurs au contact des rochers. Arrivés dans les escaliers, je relance l’allure des copains. C’est parti pour plusieurs kilomètres de descente dans les chemins boueux qui vont être un vrai bonheur. Nous doublons une grande quantité de concurrents. L’idée n’était pas du tout de gagner des places mais de se faire plaisir.

Ravitaillement de Montferrier

Un arrêt exprès. Quelques fruits secs, une soupe et un verre d’eau et feu. Une bosse et rebelote, descente très plaisante. Ah ? Le voyant rouge apparaît. Un regard sur la montre. 18km. Je réduis l’allure. Les cuisses commencent à crier. Sam et ben reviennent dans mes pas et passent devant. Nous allons attaquer la montée vers Roquefixade qui se profile à l’horizon. Ça parait vraiment vertical. En y regardant attentivement je distingue un serpentin de coureurs qui se perd dans la nature à environ 400m du sommet.

 

Roquefixade village (en bas) et Roquefixade château (en haut à gauche).

La montée est rude. Samuel fait le train. Je patiente pour attendre Ben. Et puis finalement il patiente pour m’attendre. Une pause, puis deux. Les pulsations ont du mal à redescendre. Le château est joli mais je m’attendais à plus grand. Petite pause au sommet. Je n’ai plus d’eau depuis un moment et pourtant j’ai soif. Comme les autres cette descente est fort sympathique. Pourtant elle démarre de manière un peu plus technique (restons calme). D’ailleurs Benoit prend une pelle d’entrée. Sam s’envole derrière un gars du 70. Il a du jus. J’attends Benoit. Ça ne me fait pas de mal mais il tarde vraiment. Il est mort le pauvre. On glisse doucement jusqu’au ravitaillement. Benoit est presque à l’arrêt.

Ravito !

AHHHH ! Roquefort-les-cascades, 29km. Plus que 10.5. Allez on mange et on boit. Quelques quartiers d’orange partent en charpie. Et surtout penser à remplir la flasque. Bon on repart ? On ne s’éternise pas au ravitaillement mais on repart en marchant. On essaye de motiver Ben par de petites distances et de petits challenges. « Allez jusqu’à l’arbre. » « On reprend après la barrière… » Oui mais si Ben arrive à s’y remettre, c’est à mon tour de flancher sur le dernier « Allez on se fait 600m. » Le terrain plat pendant plusieurs kilomètres est pourtant très favorable à une bonne relance. Mais rien n’y fait ; la machine est grippée. A côté de ça le terrain est gorgé d’eau. Depuis le début de l’aventure on patauge dans la boue, parfois jusqu’à mi- mollet. Ça explique en partie notre fatigue. C’est dérapage sur glissade. Dès que la déclivité du terrain est un peu plus forte l’eau stagne moins. Donc vous l’avez compris, sur terrain plat… Sur ces quelques kilomètres on pourriat presque se baigner ; le chemin de remembrement que nous parcourons ressemble à s’y méprendre à un torrent. Les déveres sont nombreux et pèsent sur notre démarche et notre pas aussi souple et félin que celui des éléphants en cette fin de course. Ici c’est le ruisseau (qui nous permet d’apercevoir à nouveau la couleur de nos pompes) ou la glissade.

Allez avant dernière bosse. On l’escalade et on se laisse glisser vers Raissac et le dernier ravito en eau. Cool des œufs en chocolats ! On attaque l’ultime ascension. J’ai été prévenu de la difficulté. C’est un mur de 1km. L’inquiétude, c’est que depuis notre ravitaillement solide de Roquefort-les-Cascades, voire depuis le chateaude roquefixade, Benoit ne parle plus. Et ça, c’est inédit ! Depuis 12 ans que nous nous connaissons, en deuil, bourré comme un coing, en présence d’inconnus, Benoit parle. Il parle et déconne tout le temps. Et là … Bon, je ne suis pas non plus au sommet de ma forme. Samuel rayonne. Il piaffe et s’impatiente. Et ça ne va pas faiblir d’ici la fin. Il vole dans cette ascension avec ses 55kg tout mouillé. Je dois observer au moins trois pauses pour faire redescendre les pulsations. A peine arrivés auprès de Samuel, BOUM ! Il repart. Benoit égrène les centaines de mètres parcourus ou à parcourir. C’est interminable.

Trois hommes et un coup fin.

Crête vers l’arrivée. Le terrain n’est pas boueux ! C’est fantastique. Evènement de la journée. Par contre les cailloux sont dans tous les sens ici. On ne peut décidément pas tout avoir. Les gars du 70 et du 54 nous doublent. Peu du 40 passent devant nous. Mais quand il y en a un Sam enrage. Il nous booste. On reprend à courir lors de la fin de course. La dernière descente, très raide (peut se faire à la corde) nous emmène de la pleine nature au centre-ville, du silence aux encouragements. Nous descendons en courant. L’énergie finale ! On se tape dans les mains, heureux. C’est mains dans les mains que nous franchissons la ligne d’arrivée. Yes ! Allez ! Petite bière ?

LA COURSE DU RAPV

L’intérêt de cette course s’est manifesté auprès des membres du RAPV très rapidement. Nombreux étaient ceux qui l’avaient déjà courue. Résultat : 16. Nous étions 16 à faire le 70 ou le 40. Au départ, de nombreux novices se lancent. Anthony, Benoit L, Luc, sur le 40, Freddy sur le 70. Au départ je ne sais pas trop comment me situer et quoi espérer par rapport aux membres de l’asso. Je pense déjà que je finirai loin derrière les 5 filles (Claire, Cindy, Marie, Françoise et Vanessa). Elles sont affutées et ont un mental d’acier. En plus elles courent ensemble.

Le départ se passe admirablement bien. Je constate rapidement que nous ne sommes pas loin des pipelettes. Les ralentissements liés à la boue nous permettent de revenir et de les dépasser. Juste avant la montée vers Montségur, une énorme marche boueuse ralentit tout le monde. Je m’arrête pour les aider à grimper et manque de ficher Claire dans le fossé, emporter par mon élan. Vanessa (très expérimentée sur cette course) leur conseille d’enlever la veste. Je passe le message à ben et Sam. Merci Vanessa. Conseil avisé.

Montségur par beau temps. On va là haut.

Dans l’ascension de Montségur nous sommes au coude à coude. Les échanges sont fréquents. Ça discute, ça rigole. Arrivés en haut, non sans avoir saluer les enfants de Cindy ainsi que Jérôme dans la montée, c’est la pause photo. Les filles nous prennent alors 3 à 4 minutes. Durant l’ascension nous avons croisés « les rapides » : Anthony, Benoit Landes (je suis surpris de le voir si tôt ; costaud le Benoit L), Quentin, Manu et Pierre T. C’est vraiment sympa de se voir comme ça. On n’a pas le temps de discuter mais ça fait du bien. C’est le seul truc positif, parce que sinon c’est embouteillé pour une ascension.

 

Marie passe devant nous lors de la pause photo en haut du château. De longues minutes d’attentes se profilent pour pouvoir redescendre.

En haut de Montségur, la nature, impassible.

Bon maintenant que ça descend on fait quoi ? A votre avis ? Allez on envoie. Durant cette jolie descente on se fait bien plaisir. Ça nous permet de reprendre les filles. On s’amuse comme des fous. Benoit (Benoit Rouillé, suivez un peu !) a bien progressé. Il m’impressionne. Sam est un peu en retrait. Arrivés au ravito Sidney nous interpelle : « Les filles ?
– Boaf 300m derrière surement… »
En fait elles sont à 3 bonnes minutes. Je ne pensais pas qu’on avait couru aussi vite que ça. C’était donc une belle descente. On repart rapidement. Trop ? Je suis assez surpris de ma forme par rapport aux filles. Je n’aurais jamais imaginé être à leur niveau. On continue en se faisant aussi plaisir dans la descente suivante. Le voyant rouge apparait. Le rythme ralenti. Arrivés à Roquefixade (village), les familles du RAPV sont présentes : Jérôme, les filles (Faustine, Ava). Mais la tête dans les chaussures pour cette bosse, je suis incapable de dire qui d’autre était présent. En tout cas je sais qu’un gâteau m’attend à l’arrivée (merci Ava).

L’ascension vers Roquefixade (château) est pénible mais je garde un rythme assez régulier. Je pense aux pipelettes derrière. Connaissant leur potentiel, je me dis que l’obstacle va être rapidement avalé. Une fois en haut je me sens un peu fracassé. En discutant avec Benoit je me dis que le club des 5 va revenir. Surtout quand on voit nos allures. Je pense tout haut en lui racontant que si elles ne reviennent que dans la dernière ascension on pourra s’accrocher au courage.

Finalement c’est au bas de la descente, au ravito de Roquefort les Cascades, que Françoise apparait la première. « Coucou copain ! » Les autres sont toutes là. Vanessa parle un peu moins mais ça va. Marie semble en bonne forme et Claire à 100% de son potentiel. A croire qu’elle n’a pas couru. Cindy semble un peu plus fatigué mais je ne me fais aucun souci pour elle. Visiblement les descentes sont les bienvenues pour elle.

Le train bleu, club des 5 ou pipelettes. Au choix.

Nous repartons devant mais moins d’un kilomètre plus tard le train bleu nous dépasse. Ce n’est pas le TGV mais nous prenons un éclat tout de suite.

C’en est fini du Rapv. Il reste bien Luc derrière nous mais je ne pense pas qu’il soit si proche de nous. Dorénavant ceux qui nous passerons seront ceux du 70km.
D’ailleurs ! Parlons-en du 70 ! Les paris de la veille de course ont envoyé Nico puis Seb et enfin David dans l’ordre du tiercé. J’avais parié sur la grosse côte. Le tiercé David, Seb, Nico. Qui aura raison ? C’est une question rhétorique. C’est bien sur moi qui ai raison ! Nous approchons de Raissac. Alors que je passe un coup de fil à ma chérie restée en Vendée, David et Seb se pointent. J’espérais qu’ils seraient un peu plus proche de la tête de course. Dommage pour eux. Ils ont l’air d’avoir souffert de la boue également. Ce rapproché se déroule juste avant le ravito et c’est justement à cet endroit que nous apercevons toutes les familles du RAPV.

Petit saut dans le temps. C’est à présent la dernière descente. Les 200 mètres avant la ligne sont franchis sous les encouragements des RAPVISTES. C’est vraiment agréable de se sentir soutenu et encouragé comme cela. Avec une asso comme celle-là il vaut mieux arriver derrière que devant ! Merci à tous les rapvistes. Maintenant débrief autour d’une binouze.

LA COURSE DE EXPÉRIENCE AU SERVICE DU MANQUE DE PRÉPARATION

L’image parait parlante… Mais c’était pire que ça.

J’ai toujours l’habitude de me plaindre de ma prépa. Demandez à Angéline ! Non pas que le programme soit mauvais, bien au contraire. Que ce soit ait par Nico ou Guillaume, les programmes sont toujours finement préparés. C’est plutôt le fait que je n’ai jamais réussi à le suivre correctement, sans pépin ni souci. Donc je me plains. Mais pour cette course… tout de même. Durant les trois derniers mois, gêné par une sciatalgie et un mental défaillant je n’ai pas fait grand-chose. Je n’ai finalement que 3 semaines de préparation. Trois sorties de 5km (pfou énorme), puis une sortie VTT de 30km. Un petit 10km autour de la maison, deux séances VMA avec le RAPV, une sortie de 17 et une de 16km. Ah si ! Une sortie au motocross (3 tours pour 38’ d’effort) et trois séances de fentes (200, 630, 200). C’est court non ? Je pense que c’est à ce moment que l’expérience fait effet. Alors restons calme. Je ne suis pas non plus un ultratraileur de plus de 50 ans. Mais les trails accumulés vont jouer. Au départ, et depuis quelques mois, je sais que je vais finir. Je m’aligne au départ avec cette motivation inarrêtable. J’ai déjà couru cette distance, ce dénivelé, ce type de paysage. Je connais cela. Je sais que mon corps et mon esprit peuvent tenir un effort de 15h, alors 9 ou 10 ça va le faire. Mon alimentation est définie depuis un moment. Je connais ma routine d’avant course. Beaucoup de signes sont là pour me rassurer. Mais sans cela, je m’interroge. Si je devais faire ce trail sans expérience et sans prépa…

Les bases sont solides, je pars donc serein. Le départ et la veille de course sont également très détendus. Je sais que je n’attends rien de plus que du plaisir et des paysages, de beaux moments avec le Rapv et les copains alors je savoure. Je profite pleinement de l’apéritif de la veille. La nuit est calme, beaucoup plus que celle de Sam et Romain. Le beau temps est au rendez-vous, les copains sont là. C’est le top ! Et de toute manière je n’ai pas le choix.

LA COURSE DE INEXPÉRIENCE

Quel paradoxe ! Surtout quand on lit ce que je viens de mettre. Comment faire preuve d’inexpérience ? C’est pourtant un constat. Cette gestion de course n’a pas été optimale. Pourtant j’ai mis le rythme que je voulais. J’ai imposé mon rythme de sénateur et les copains n’ont pas vraiment eu le choix. Le début de course, lent, est pensé pour aller loin. Les premiers hectomètres j’ai temporisé. Impossible de se laisser avaler par l’euphorie ambiante. Mais … Car il y a un mais. Voir les filles, si proche devant nous, m’a motivé. Et je suis sûr que le problème est là. En effet, faire la course avec elle aurait été sympa. Et c’est ce qui va se produire jusqu’à Montségur. Le bouchon en haut a certainement provoqué une envie de les rattraper. Et cette descente était vraiment un moment génial. Finalement le déclic est en haut de Montségur. C’est le point de départ de cette mauvaise gestion. Le rythme imposé après Montségur est trop fort. L’euphorie n’était pas au départ mais au 9ème km. Dépassant les filles, dans cette descente, la tentation était forte de continuer devant. Le rythme n’étant pas le même c’est naturel que l’on passe devant. Mais après ? Au ravito je lance notre départ trop tôt. Je ne prends même pas le temps de reprendre de l’eau. Le rythme de la descente est gardé sur la petite bosse et la descente qui suit. C’est là que le « voyant rouge » s’allume. C’est à ce moment-là que descendre au même rythme devient plus difficile. Après le mal est fait. Manque d’eau. Plus d’énergie ! L’alimentation est passée à l’as durant la descente. Résultat au 30ème la lumière s’éteint. Observation pour le futur : « RESTER DANS SA COURSE ! »

LA COURSE DE L’HISTOIRE

Et bien voilà ! Deux maigres et deux gros, de quoi faire une belote si on s’ennuie pendant une course.

Je pourrais parler de l’Histoire du lieu, des parfaits, des cathares, des châteaux et de la croisade des albigeois, du bûcher de Montségur… Allez terminons -là ce récit. C’était vraiment sympa.